Maxime Lucu : « Je me souviens m’entendre dire : « Mais bordel, personne ne me respecte ». C’est très dénigrant »

Maxime Lucu : « Je me souviens m’entendre dire : « Mais bordel, personne ne me respecte ». C’est très dénigrant »

2 février 2024 - 18:23

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Le demi-de-mêlée Maxime Lucu va remplacer Antoine Dupont au poste de demi-de-mêlée durant ce Tournoi des Six-Nations.

Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, Maxime Lucu a confirmé être très discret voire timide. Extrait:

Je dois reconnaître que je suis assez timide et discret. Mais de par mon poste, j’ai besoin d’avoir du cran, de prendre mes responsabilités. J’ai dû forcer un peu ma nature. Mais le fait de participer à la stratégie, de trouver des solutions pour mettre à mal les défenses adverses, c’est quelque chose qui me plaît. Ça s’est donc fait assez naturellement. Après, je ne suis pas celui qui parle le plus. Mais dès qu’on fait appel à moi, j’essaie de répondre présent, d’apporter ma pierre à l’édifice.

Cependant, il sait se lâcher sur le terrain. Extrait:

Le terrain, c’est mon exutoire. J’ai besoin de m’exprimer, de gueuler, de haranguer. Mais vous ne me verrez jamais faire ça dans la rue, ni dans la vie de tous les jours (rires). J’aurais peur de passer pour un fou. Au quotidien, je n’aime pas parler de moi ou me mettre en avant. Mais quand je suis sur un terrain, j’ai besoin de m’exprimer parce que ça bouillonne en moi. C’est mon côté schizophrène (rires). Dans un match, je joue chaque action comme si c’était la dernière. D’ailleurs, je déteste me regarder à la télévision. Quand je revois des actions en séance vidéo ou sur des émissions de télé et que je me vois crier, je me dis : « Mais quel abruti ! ».

Ça me gêne vraiment. En fait, sur l’instant, je ne ressens pas que je suis aussi démonstratif, que je crie autant. Je vis le moment à 100 %. J’oublie qu’il y a les caméras. Et je regrette un peu. Mais bon… Ça fait partie de moi, de ma personnalité.

Il concède ressentir un peu de pression de devoir remplacer Antoine Dupont. Extrait:

Il y a forcément toujours un peu de pression en équipe de France. Mais quand tu passes derrière Antoine, il y en a un peu plus. C’était vrai lors de ces trois dernières années lorsqu’il était absent ou quand je le remplaçais en cours de match. C’est encore plus vrai probablement aujourd’hui. Mais j’essaie d’apporter autre chose, de faire progresser l’équipe. Je ne suis pas là pour faire du Antoine Dupont. Je me suis préparé mentalement pour ce Tournoi car j’aurai plus de responsabilités.

Il indique ne pas avoir de discussion particulière avec Fabien Galthié suite à l’annonce de l’absence d’Antoine Dupont. Extrait:

Je n’ai pas eu de discussion particulière avec Fabien. En sortant de la Coupe du monde, c’était très clair : mon histoire avec l’équipe de France n’était pas terminée. Hors de question pour moi de conclure mon histoire en bleu sur un tel échec. Je voulais être performant en club pour jouer le Tournoi des 6 Nations. J’ai aujourd’hui plus de maturité qu’il y a trois ans et mentalement je ne me suis jamais senti aussi bien. Certes, j’ai 30 ans et la question de mon âge est légitime.

Quand Fabien a pris en main la sélection, des mecs comme Maxime Machenaud ou d’autres n’ont plus été appelés en bleu alors qu’ils avaient 30 ou 31 ans. C’est mon âge aujourd’hui. Seulement, en l’absence d’Antoine, je me suis dit que j’avais une belle opportunité. Et puis, quand je vois que les Boks ont été champions du monde avec une quinzaine de mecs qui ont plus de 30 ans, je ne me suis pas posé de question. Tout se joue au niveau de la performance. J’ai donc tout fait pour être là.

A une certaine période, Maxime Lucu ne se sentait vraiment pas respecter, lui qui restait l’éternelle doublure d’Antoine Dupont. Extrait:

C’est un sentiment étrange car je suis comme tout le monde : je lis les réseaux sociaux, la presse… J’ai lu tous ces commentaires. Je me souviens m’entendre dire : « Mais bordel, personne ne me respecte ». C’est très dénigrant. Mon entourage a forcément été touché. Mais la perception est très différente dès lors que je suis en équipe de France. Je ressens beaucoup de confiance en interne. Dès le début, le staff a été très clair sur mon rôle. Avoir Antoine Dupont à son poste, c’est comme pour les ouvreurs néo-zélandais à l’époque de Dan Carter : on sait qu’on ne va avoir que des bribes de matchs. Pour moi, au lieu de me poser dix mille questions, j’ai préféré chercher à comprendre ce que j’allais pouvoir apporter sur ces bribes de matchs.

Il affirme également avoir eu de la peine pour Antoine Dupont lorsqu’il s’est blessé durant le Mondial. Extrait:

Là, pour le coup, j’ai eu un peu de peine pour Antoine. Le connaissant et le côtoyant au quotidien, je sais que ce n’est pas son truc. Il se sert de sa notoriété médiatique et il a raison, mais ce n’est pas dans sa nature profonde. Tout ce battage médiatique autour de sa blessure lui a mis beaucoup de pression. Beaucoup trop. Entre le match de l’Italie et celui de l’Afrique du Sud, on a quand même vécu un truc de dingue. Il faudrait lui poser la question, mais je suis convaincu que cela ne lui a pas rendu service, ni au groupe. Tout le monde se posait la question de savoir si l’équipe de France serait capable de jouer sans « Toto ».

En 2011, les Néo-Zélandais ont vécu la même situation quand Carter s’est blessé. Et pourtant, ils ont été champions du monde sans lui. On nous avait préparés à ça, on avait déjà eu un avant-goût avec la blessure de Romain (Ntamack). À la fin, on n’y prêtait même plus attention. Sinon qu’on était gêné pour « Toto ».

Dans la foulée, il indique ne pas avoir échangé avec Antoine Dupont. Extrait:

Non, il sait que je suis et que nous sommes des grands garçons. Quand il s’est blessé durant la Coupe du monde, il n’est pas non plus venu toutes les cinq minutes pour me dire : « ça va bien se passer. » Antoine sait rester dans son coin, à sa place. Il ne cherche pas à être omniprésent. J’apprécie vraiment son attitude dans ces moments-là.

Une chose est sûre : Maxime Lucu veut jouer la prochaine Coupe du monde. Extrait:

Oui ! Sans aucune hésitation. Évidemment, la question de mon âge traversera forcément l’esprit du staff à un moment ou un autre, mais je veux tout faire pour rester performant.

Pour conclure, il évoque le match à venir face à l’Irlande. Extrait:

C’est le match qu’il nous fallait pour évacuer notre frustration. Le contexte sera idéal : recevoir l’Irlande à Marseille devant un public chaud bouillant, on ne pouvait pas espérer mieux.

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