Giteau est en ce début de saison le joueur indispensable du RCT. Celui capable, par son coup de rein ou un grigri, de vous débloquer une situation surtout quand votre équipe se casse continuellement les dents sur la muraille défensive dressée par les adversaires. Pour ceux qui en doutaient encore, ils ont eu la preuve, le week-end dernier, que Giteau demeurait le dynamiteur en chef de cette équipe toulonnaise.

Son « tchictchac » a permis de figer les défenseurs des Scarlets et d’ouvrir grand la porte à Maxime Mermoz. Grand seigneur, celui-ci lui rendit la pareille et lui offrit sur un plateau d’argent son premier plongeon dans l’en-but européen de la saison. De par ses interventions décisives, Giteau est souvent à l’origine des essais de sa formation et fait beaucoup marquer ses partenaires. Bref, le demi d’ouverture australien demeure l’élément central du dispositif mis en place par Bernard Laporte et ses adjoints. Que disent les stats à ce sujet ? Les Rouge et Noir ont mordu la poussière à trois reprises cette saison (au Racing, à Toulouse et face au Stade français). À chaque fois, Giteau n’était pas sur la feuille de match. Sans le meilleur joueur du Top 2013, le RCT est à la peine. Son succès au forceps face à l’UBB à Mayol (18-13) le 6 septembre dernier est là pour la rappeler.

Après avoir souffert par le passé de l’absence de Jonny Wilkinson, il semblerait que Toulon soit devenu « Giteau-dépendant ». Dans l’entourage de l’équipe première, ce sujet demeure néanmoins extrêmement sensible. Nos questions posées à ce sujet ont eu le don de quelque peu agacer Pierre Mignoni. « Toulon n’est pas la seule formation à souffrir quand son ouvreur n’est pas là, s’est d’abord maladroitement justifié l’entraîneur des trois-quarts du RCT avant de se reprendre. Matt demeure un très grand joueur. C’est l’un des leaders de notre équipe. Mais le RCT n’est ni dépendant de Paul ni de Jacques. Moi, je mets un système en place et c’est aux joueurs de s’adapter. Ma formation ne joue pas différemment quand c’est Matt ou James (O’Connor, N.D.L.R) qui occupent le poste d’ouvreur. »

MERMOZ : « MATT EST LE MESSI DU RCT »

Sans vouloir se livrer à un autodafé géant de ses concurrents au poste, il faut néanmoins reconnaître qu’O’Connor et Michalak, avant qu’il ne se blesse, n’ont pas autant pesé sur le jeu de leur équipe. « Quand Fred a joué, cela ne s’était pas trop mal placé derrière, estime Maxime Mermoz. Mais nous avions essentiellement péché devant. Pour James en revanche, c’était plus complexe car il n’a pas l’habitude d’évoluer à ce poste. James c’est plus un électron libre qui aime disposer d’espace et de liberté pour s’exprimer. Or, pour jouer en 10, il faut avoir de l’expérience. Quand Matt est sur le terrain, cela apporte de la confiance à toute l’équipe. Matt, c’est le Messi (en référence à l’attaquant argentin du FC Barcelone, N.D.L.R) du RCT. Quand il joue, il ne se pose pas de questions. Il se lance à fond. Son bonheur de vivre et de jouer déteint sur le reste de l’équipe. »

Au niveau du jeu, le RCT a néanmoins bien du s’adapter aux douleurs de son meneur de jeu à un genou et à ses gênes récurrentes aux adducteurs. Giteau prend moins le jeu à son compte, suppléer dans cet exercice par Sébastien Tillous-Bordes ou encore Delon Armitage et Leigh Halfpenny. « Cette semaine est la première où Matt a pu s’entraîner tout à fait normalement, confie Mermoz. Jusqu’alors, il bénéficiait d’un régime à la carte. Il se contentait de trottiner et de faire des passes. Quand tu vois ce qu’il a déjà accompli alors qu’il souffre, cela force le respect. » D’un commun accord avec le staff médical, Giteau a décidé de ne pas se faire opérer afin de pas pénaliser durablement le RCT. Pour ne pas mettre ses adducteurs à dure épreuve, il a décidé de laisser la charge du but dans un premier temps à O’Connor puis désormais à Halfpenny. Un geste empreint de sagesse.

Source: Midi Olympique