Lors d’un long entretien accordé au journal régional Var-matin, l’ancien président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal est revenu sur ce qui l’oppose à Bernard Lemaître depuis des mois et sur les raisons de leur dispute.

D’entrée, Mourad Boudjellal attaque en affirmant ne pas aimer les faux gentils comme Bernard Lemaître.

C’est à la suite d’un entretien de Bernard Lemaître accordé au journal L’équipe que la situation a dégénéré. Mourad Boudjellal ne comprend pas pourquoi Bernard Lemaître a déraillé, le temps d’une interview. Extrait:

« Je n’aime pas les faux gentils. J’ai bien les gens francs. Moi, j’ai été franc. Je lui ai dit d’entrée : « Voilà, maintenant il y des déficits, on peut les rattraper et je vais les rattraper ». Il m’a dit non. Alors j’ai dit OK. Ensuite, on se dit que ce serait bien que toi et moi on ait un code de bonne conduite. Si vous voyez mes premières interviews, je dis qu’il est super et qu’il va être meilleur que moi. Je ne dis que du bien, c’est le code. Et un beau jour, je le vois péter un fusible dans la presse en parlant de gestion malhonnête et de tas de choses. Je me suis demandé ce qu’il lui arrivait. Donc je vais le voir et je lui demande : « qu’est-ce qu’il t’arrive ? ». En fait, je comprends que lorsqu’il y a un journaliste, il ne maîtrise plus ses émotions. Il a compris que quand il me tape dessus, ça a de l’écho. Il le répète sans arrêt. »

Mourad Boudjellal finit d’ailleurs par apprendre que Bernard Lemaître aurait évoqué les déficits qu’il aurait laissé au club lors de son départ pour tenter de négocier une baisse des salaires des joueurs en pleine crise sanitaire. Extrait:

« Tout se sait à Toulon et on me dit tout. Il réunit les partenaires et il répète ça, il réunit les joueurs pour leur dire qu’il va leur baisser les salaires car je leur ai laissé un club en déficit. Qu’il me le dise à moi, je dirai oui, si ça peut l’aider à faire baisser un peu les salaires des joueurs, ça ne me dérange pas. Effectivement, il y a beaucoup de joueurs qui ont des salaires « avant Covid » et donc de très beaux contrats. »

Par ailleurs, Mourad Boudjellal ne comprend pas que Bernard Lemaître affirme lors de chaque interview qu’il n’était pas forcément intéressé par le poste de président mais que sans lui, le club n’aurait pas survécu. Extrait:

« Je n’ai rien contre lui personnellement, juste contre son attitude. Je suis respectueux, mais je trouve qu’il n’a pas été franc du collier. Je n’aime pas ça. Je comprends tout à fait qu’en cours de route, il ait envie de ça. Moi, je voulais partir, ça tombait bien. Ce que je ne comprends pas, c’est ce besoin de dire : « Je ne veux pas, mais on me force »  ou « Je ne veux pas me présenter au comité directeur, mais on m’a demandé de le faire », « Je ne veux pas être président du RCT, mais je le fais pour sauver le club… » Non, c’est plutôt « Je le fais car j’ai envie de l’être et j’ai envie de prendre mon kiff » et il en a le droit. Il a envie d’y aller, qu’il le dise ! Il a 81 ans, il est brillant. Tu as envie de flatter ton ego, pas de problème. Au contraire. Il se vit une aventure, qu’il en profite ! »

Il indique que tout est parti de cette fameuse interview de deux pages dans les colonnes de L’équipe. Extrait:

« Lorsqu’il dit qu’on ne peut pas être deux coqs dans le poulailler. Je trouvais ça crétin. D’autant que si je quitte le poulailler, les poules n’ont plus rien à craindre. Je crois que ça a clashé quand il a eu deux pages dans L’Équipe. Il s’est baladé avec ses deux pages, j’ai senti que ça le flattait, qu’il aimait ça. Je me suis dit que ce mec, qui est brillant, qui a passé 81 ans dans l’anonymat, vient de découvrir la notoriété et ça lui plaît. Il y a aussi une responsabilité de ma part, je n’avais plus envie. »

Mourad Boudjellal précise que Bernard Lemaître déteste qu’on lui tienne tête. Extrait:

« Il n’aime pas qu’on lui tienne tête, il veut être le dernier à parler, c’est vrai. C’est propre aux grands chefs d’entreprise. Il a une cour autour de lui de gens qui disent “amen”. Moi, je ne sais pas faire ça. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal revient sur les propos de Bernard Lemaître, lequel expliquait que sans lui, le club allait couler en Fédérale 1. Extrait:

« Il a résumé tout ça par une forme de contrainte en disant : « Si je ne suis pas là, le club est en Fédérale 1″. Mais il se prend pour qui ? Sans lui, déjà, il n’y aurait pas les mêmes comptes car il y a plein de choses qu’il a poussées. Moi, je n’aurais certainement pas eu le même recrutement, je le reconnais. Je n’ai pas de soucis à trouver du financement. Il a répété à tout le monde que je laissais un déficit. J’ai dû me reconstruire sur cette image que l’on a donnée de moi. Ça m’a étonné, alors j’ai repris mes comptes. J’ai vérifié mes acquis pour savoir si je savais diriger une entreprise. Eh bien, je ne suis pas trop mauvais et accessoirement, j’espère que beaucoup de présidents du Top 14 auront un héritage comme celui que j’ai laissé. Je pense que j’ai un peu fait bouger le rugby. »