Quand Frédéric Michalak imite un certain Jonny Wilkinson

Quand Frédéric Michalak imite un certain Jonny Wilkinson

29 septembre 2015 - 8:59

2 Commentaires

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michalakDe loin, on dirait un gamin qui a profité d’un jour sans école pour aller taper dans son ballon sur le terrain du coin. Il est seul. Pas d’entraîneur, personne pour lui renvoyer les ballons. Le cadre a des airs de stade de campagne : les poteaux sont si petits que les coups de pied les « lobent », avant de retomber dans un bosquet situé derrière, en surplomb. Parfois, pour récupérer ses six ballons, Frédéric Michalak doit escalader le petit muret puis baisser la tête sous les branches. Puis il se remet à l’ouvrage. D’abord des 22 m en face, puis il recule son tee de quelques mètres, tape à nouveau, et ainsi de suite quasiment jusqu’à la ligne médiane. Malgré le vent qui souffle de côté, la réussite est quasi maximale.

Il est midi ce dimanche à Croydon, et normalement aucun entraînement n’est prévu au programme, pas même pour les buteurs. Mais l’obsédé Michalak (32 ans, 74 sél.) a profité d’un convoi pour une conférence de presse à la Trinity School pour s’ajouter une séance. Un membre du staff de l’équipe de France glisse : « Ç’a été comme ça durant toute la préparation. Qu’il pleuve, qu’il vente, il est allé s’entraîner seul. » La veille, alors que c’était son tour de répondre aux questions des journalistes, Michalak était arrivé une heure après ses partenaires de « corvée ». Une heure qu’il avait passée, inlassablement, à échanger des drops avec Romain Teulet, le coach du jeu au pied. Au micro des télévisions, il avait glissé : « On essaie de repousser nos limites, d’aller à la perfection. J’étais le seul buteur à bosser ? Chacun fait comme il veut. Moi, j’en ai besoin. Taper dans le ballon, rentrer dans le détail des frappes, des angles, pour avoir la technique parfaite. »

« On n’en fait jamais assez”

Ce dimanche, Teulet a laissé Michalak s’exercer seul. Face à la presse, assis sur un canapé, il explique à propos de celui que l’on voit au loin, derrière la baie vitrée : « c’est incroyable le travail qu’il peut abattre depuis quelques années. Son passage en Afrique du Sud et le fait d’avoir été au contact de Jonny Wilkinson à Toulon l’ont sûrement incité à travailler énormément tout l’aspect du jeu au pied, pas seulement le but. Il veut être hyper performant, maîtriser son geste. De tous nos buteurs, c’est celui qui est le plus pointilleux. Il est dans l’accompagnement de ses frappes, dans la répétition, il donne du sens à ce qu’il fait. Avec lui, je n’interviens que sur des détails techniques, quand il se bloque sur son pied d’appui ou sur son pied de frappe, par exemple, ou quand ses épaules se relâchent.   »

Hier encore, alors que le terrain s’était vidé, celui que ses partenaires surnomment « Michel » a multiplié les drops face aux perches dans toutes les situations, Teulet lui servant de demi de mêlée. À le voir, on se demande où est passé le surdoué indolent de ses débuts, ou même celui que Bernard Laporte, son manager à Toulon, avait vertement repris de volée dans ces colonnes, en décembre 2013. « Quand je vois ce que s’entraîne Jonny Wilkinson et ce que s’entraîne Frédéric Michalak, je comprends comment l’un à la carrière qu’il a et l’autre pas. » Le jour de la parution de l’entretien, Michalak, « vexé » comme il l’avouera, était allé demander des explications à l’ancien sélectionneur, tout en lui reprochant de s’être épanché dans la presse. Quelques mois plus tard, il conclura cet épisode ainsi : « Pour Bernard, c’était une phrase qui devait m’inciter à travailler encore plus. J’en faisais déjà pas mal, il faut que j’en fasse encore plus. On n’en fait jamais assez.  »

Des scènes comme celles aperçues ces derniers jours en Angleterre, ou à Toulon au printemps, quand on l’avait vu deux jours d’affilée bosser seul sous l’oeil de Jonny Wilkinson, montrent qu’il est allé largement plus loin que les mots. La régularité qu’il a gagnée face aux perches avec ce patient travail en a fait le premier choix de Philippe Saint-André pour le poste de numéro 10, malgré les blessures et l’inconstance dans le jeu. Aujourd’hui, Michalak ne bosse plus pour gagner sa place en bleu, mais pour continuer à enquiller, avec une obsession un peu folle : devenir champion du monde.

Source: lequipe.fr

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2 Commentaires

  1. laronde 29 septembre 2015 at 10h- Répondre

    Et oui la réussite c’est 1% de talent et 99% de travail. Jonny wilkinson l’a toujours démontré dans sa carrière, il n’y a que le travail qui paie, m^me s’il faut aussi avoir du talent pour réussir .

  2. neutre 29 septembre 2015 at 22h- Répondre

    il est vrai qu’il en a besoin vue les derniers match… hélas la pression n’est pas la même quand le stade est plein. on lui souhaite tous un 100% contre le Canada, pour le bien de l’équipe de France. allez les bleu :yes: