Quelle équipe vous a fait la plus forte impression cette saison ?
Les deux équipes ont évidemment marqué les esprits avec deux styles assez différents. Je sens malgré tout que Clermont est un poil devant avec sa capacité à accélérer le jeu et à occuper la largeur qui complique sérieusement la tâche de ses adversaires. Toulon reste malgré tout impressionnant avec un jeu direct incarné par Botha, Masoe, Armitage et maintenant Rossouw qui complète la bande de costauds. Ils enchaînent les situations de contacts avec une certaine vitesse en faisant vraiment mal. C’est très efficace.

A quel genre de finale vous attendez-vous ?
On sera sur un modèle propre à la H Cup avec un volume de jeu et une intensité très élevés que l’on voit moins en Top 14. La différence entre les deux équipes ne sera pas énorme. Mais le format de jeu de l’ASM est plus intéressant. Cette équipe offre tellement d’options autour du porteur de balle ! Ça colle davantage au prototype des équipes qui s’imposent dans cette compétition à l’image du Leinster ou du Stade Toulousain.

Avec quels arguments le Racing-Métro 92 était-il parvenu à disposer de Toulon (15-19, 15e journée) et de l’ASM (12-6, 17e journée) ?
Ce sont des stratégies bien propres. Contre Toulon, on avait construit une équipe avec une défense très agressive dans la montée, avec beaucoup de détermination, pour les empêcher de gagner la ligne davantage. Il faut parvenir à briser leurs enchaînements au contact. Derrière, leur jeu est moins huilé et c’est là où ils sont en difficulté. Les Clermontois devront également maîtriser leur alternance dans le jeu au pied. Face à l’ASM, on a pu s’appuyer sur une conquête très solide en mêlée et en touche. Dans les rucks, on les avait embêtés avec un plaqueur et deux joueurs qui venaient passer sous les ballons pour perturber la sortie et ralentir la libération du 9. Leur vitesse d’enchaînement était moindre ce qui nous avait permis d’avoir un bon repli défensif. Et on avait été particulièrement réalistes.

Compte-tenu du passé sulfureux entre ces deux formations, la discipline sera-t-elle déterminante ?
La tension sera extrême. J’en suis convaincu. La discipline est toujours au cœur de ces matchs là. On sait que Clermont n’a jamais caché son objectif dans cette H Cup. Quand tu arrives en finale, le droit à l’erreur n’est plus permis. Il ne faut pas se rater et faire de fautes. Avec autant de « il ne faut pas », ça peut paralyser les joueurs. Ça va se jouer énormément dans l’approche de cette rencontre. Mais quand on connaît l’expérience de Vern Cotter et de Bernard Laporte, je ne doute pas que les deux formations aborderont cette finale dans les meilleures dispositions mentales.

Clermont a-t-il pris un ascendant psychologique en détrônant le RCT de sa place de leader du Top 14 en toute fin de Championnat ?
Je pense surtout que le match nul des Clermontois au Vélodrome (26-26, 24e journée) avec une équipe remaniée a impressionné tout le monde. Ça prouve à quel point Clermont est sur un nuage cette saison. Psychologiquement, les matchs contre l’ASM sont difficiles à aborder. Tout est bien réglé. Les baisses de performances sont rares. C’est un modèle. Je suis admiratif de leur fonctionnement. A contrario, Toulon a eu quelques petits passages à vide, à Bordeaux-Bègles notamment (41-0, 17e journée).

L’expérience européenne de l’ASM sera-t-elle décisive ?
C’est le dernier aspect clé qui va forcément compter. Dans le XV de départ clermontois, il y a plein de joueurs qui ont déjà disputé des phases finales de H Cup. Mais il ne faut pas oublier que Toulon possède dans ses rangs des internationaux habitués au matchs couperets de très haut niveau. Ce n’est pas Giteau, Botha ou Wilkinson qui vont se sentir perdus sur cette finale. Ils connaissent tout ça par cœur. Ils se nourrissent de cette pression pour être encore plus performants. Enfin, pour sa deuxième campagne européenne, Toulon n’a vraiment rien à perdre. Ça peut les libérer.

Quels joueurs vous impressionnent et subliment véritablement le collectif de chaque équipe ?
Pour Clermont, je dirais Morgan Parra. Il s’est parfaitement intégré dans un système très efficace. Il est toujours au niveau dans ce genre de match. On connaît sa force mentale avec un cœur énorme et cette capacité à être un leader. A Toulon, il y a bien évidemment Jonny Wilkinson. C’est le « X Factor » capable de gagner le match à lui tout seul. Mais j’ai envie de citer Juan Fernandez Lobbe. C’est la pièce maîtresse du paquet d’avants. Il a beaucoup de lucidité et une grande influence sur ses partenaires.

Source ercrugby.com