« C’est peut-être nous qui avons fait volte-face. Pienaar, ça a traîné et à Toulon, on n’attend pas. » Cette déclaration tenue en octobre 2013 au sujet de Ruan Pienaar montre à quel point le demi de mêlée de l’Ulster avait eu raison de la patience de Mourad Boudjellal. Pourtant il faut en vouloir pour mettre à mal la ténacité du boss du RCT ! Sûrement l’un des présidents du Top 14 les plus combatifs et déterminés une fois lâché dans l’impitoyable arène des transferts.

À l’époque, Boudjellal était prêt à casser sa tirelire pour faire venir sur la Rade celui qu’il jugeait avec Bernard Laporte alors le mieux armé pour prendre la suite de Jonny Wilkinson au niveau du but. Pienaar s’était vu offrir un véritable pont d’or (un salaire de 60 000 euros mensuels avait été évoqué) pour quitter la formation de l’Ulster qu’il avait mené, à l’aide de sa botte magique, en finale de la Coupe d’Europe en 2012. Les tâtonnements du champion du monde sud-africain avaient contrarié Boudjellal. Il faut dire que l’international aux 80 capes chez les Springboks n’en était pas à son coup d’essai avec le RCT. En 2012, il avait déjà refusé une première offre du Rugby club toulonnais.

Pienaar s’est retranché derrière la présence de deux enfants en bas âge pour justifier son refus et son choix de rempiler jusqu’en 2017 avec la province la plus septentrionale de l’Irlande. « C’était surtout une décision que je devais prendre avec ma famille. Nous étions heureux et bien installés à Belfast. Cela n’avait pas été une décision facile, mais au final, je suis content de mon choix. Cette campagne européenne a été décevante au niveau des résultats. Certes, l’équipe est déjà éliminée mais nous voyagerons à Toulon avec l’esprit libéré et le désir de se jauger face à la référence européenne depuis deux saisons. »

UN CANON DANS CHAQUE PIED

Par pudeur, Pienaar a tout de même omis de préciser que les trois revers enregistrés cette saison par l’Ulster en Coupe d’Europe s’étaient déroulés durant son absence. Blessé au genou en septembre lors du test des Four-Nations face aux All Blacks à Wellington, il n’a pas pu rechausser les crampons pendant trois mois. Ce qui a considérablement nui au rendement des Springboks et des Ulstermen cet automne. Le champion d’Europe 1999 nourrit une véritable addiction à son artilleur sud-africain.

Depuis 2010, Pienaar a inscrit 659 points en 86 matchs disputés sous le maillot de l’Ulster. Surtout, ce grand échalas sait tout faire de ses mains. Rugueux sur l’homme, il se montre intraitable aux plaquages. Pienaar possède également un canon dans chaque pied. Ce qui l’aide à rester extrêmement précis même lorsque le coup de pied est placé aux abords de la ligne médiane. Pas étonnant qu’avec le retour de son métronome, la formation nord-irlandaise ait retrouvé du poil de la bête. Ses buts pleins de sang-froid ont permis d’abattre les Scarlets puis plus récemment Trévise. En grande pompe.

Source: Midi Olympique