Au moment d’annoncer son groupe de 31 joueurs en partance pour l’Australie, en juin, le staff de l’équipe de France l’a laissé entendre : il suit les performances de Sébastien Tillous-Borde, bien placé pour remplacer l’un des demis de mêlée sélectionnés en cas de blessure. Le Toulonnais (29 ans, 8 sélections) n’a plus porté le maillot bleu depuis 2009, quelques mois après avoir été lancé par Marc Lièvremont. « Je l’avais déjà connu chez les jeunes, en moins de 21 ans. Il n’était pas forcément titulaire, parce que sur la stratégie et l’animation, un garçon comme Fabien Cibray était plus en place », se souvient l’ancien sélectionneur du quinze de France. Lièvremont l’avait ensuite convoqué chez les A et sourit de la comparaison qui apparut alors avec Byron Kelleher : « C’était l’époque où Kelleher arrivait en France et où il était exceptionnel ! Oui, on pouvait le comparer (au Néo-Zélandais) pour sa faculté à passer devant ses avants, il alliait l’explosivité d’un trois-quarts et la puissance d’un troisième ligne aile. C’était un guerrier, altruiste. »

Tillous-Borde n’avait pas vingt-quatre ans et brillait à Castres. « Kevin Senio était titulaire à mon arrivée, mais j’ai demandé à ce que Sébastien joue ! Il travaillait beaucoup à l’entraînement et il s’est imposé », se souvient Alain Gaillard, alors en charge du CO. Lui aussi loue les qualités athlétiques du demi de mêlée : « Il passait beaucoup de temps en muscu, il aimait se faire mal. »

GAILLARD  : « IL A BEAUCOUP PROGRESSÉ TACTIQUEMENT »

Mais Tillous-Borde a disparu des radars internationaux après le Tournoi des Six Nations 2009. Notamment freiné par des blessures, dont cette épaule qui l’a éloigné des terrains pendant de longs mois en 2009 et 2010. Même son expérience toulonnaise a été marquée par une septicémie, qui lui avait valu dix jours à l’hôpital fin 2012.

Dans le Var, pourtant, le demi de mêlée a étoffé son jeu. « J’ai pu assister à un entraînement de Toulon la semaine dernière, apprécie Gaillard, et il a beaucoup progressé, surtout tactiquement. À l’époque, il portait trop systématiquement le ballon, et cherchait l’ouverture. Il n’arrivait pas à faire le tri avec ces moments où il fallait éjecter et transformer le jeu rapide. »

Gaillard confesse son affection pour l’homme, aussi, et regrette que les Bleus l’aient oublié depuis plus de cinq ans. Ce soir, Tillous-Borde livrera son duel avec l’un des demis de mêlée convoqués pour l’Australie, Maxime Machenaud. « Les deux joueurs ont des points communs, compare Lièvremont. Ils sont très agressifs sur l’homme, très bons défenseurs, physiques. Machenaud est un peu moins dense que Sébastien, mais a un meilleur jeu au pied. » C’est ce dernier point qu’a mis en avant Patrice Lagisquet, regrettant que Tillous-Borde ne bute pas, contrairement à Parra et Machenaud. Mais l’Oloronais semble décidé à travailler ce point faible. Pour espérer un vrai retour sur la scène internationale.

Source: lequipe.fr