À lui seul, Frédéric Michalak semble symboliser tout le bien que les spécialistes étrangers pensent de cette équipe de France, en dépit de ses piètres résultats des quatre années passées, mais aussi… toutes les questions qu’elle pose encore et toujours malgré un enchaînement de cinq victoires. « L’impact de Michalak est important. La question est la suivante : peut-il réaliser quatre performances de haute intensité coup sur coup ? Pas sûr, résume ainsi Ian McGeechan. Pour moi, c’est le point d’équilibre. S’il est capable d’aligner les performances, alors la France ira loin. » Stuart Barnes, ancien ouvreur anglais (10 sél.), est du même avis : « Ce n’est plus la même équipe que lors du dernier Tournoi car Michalak change beaucoup de choses. Avec lui pour animer, la France a un supplément d’âme. »

Si le talonneur canadien Ray Barkwill, élogieux lui aussi, estime que « Michalak fait des choses qu’aucun demi d’ouverture français ne réussit, il donne de la sérénité à son équipe », d’autres se montrent plus circonspects. L’Australien John Connolly s’inquiète ainsi d’un possible manque de constance : « Michalak a été très bon. Mais il doit être patient. On a parfois vu, ces dernières années, des moments où il a manqué de patience. Il doit améliorer ça pour mieux gérer le match. » Et l’ancien ouvreur argentin Felipe Contepomi rappelle que le jeu au pied du Toulonnais n’a pas toujours été exempt de reproches : « Tout le monde connaît le talent de Michalak, mais davantage parce que c’est un très bon ouvreur quand il fait jouer les autres autour de lui que quand il joue au pied, ce qui, je pense, n’est pas son point fort. » Un bémol qui ramène à l’analyse de Bernard Jackman, l’entraîneur irlandais des avants de Grenoble. « Dimanche, la bataille que se livreront les deux 10 sera très intéressante. Johnny Sexton adore s’approprier le plan de jeu de son équipe et le suivre scrupuleusement dans les moindres détails. Freddy Michalak, lui, est un joueur plus naturel, plus instinctif. J’ai à la fois beaucoup de respect pour Johnny, qui est sûrement le meilleur ouvreur du monde lorsqu’il est au top, et pour Freddy, qui a réussi une immense carrière malgré les critiques qu’il a souvent subies. En fait, ce duel Sexton-Michalak résume bien la différence entre une Irlande pragmatique et précise et une France instinctive et imprévisible. »

Source: lequipe.fr