Pour Thomas Lombard, les difficultés des clubs français en Coupe d’Europe pourraient empirer.

Le Racing 92, vice-champion d’Europe en titre, est déjà éliminé. Toulon, triple champion d’Europe (2013, 2014, 2015) est mal en point. Après les résultats de ce week-end, seul Clermont, solide leadeur de sa poule, est pratiquement assuré d’une place en quart de finale.

Un unique représentant tricolore parmi les huit meilleurs, ce n’est arrivé qu’une fois dans toute l’histoire de la compétition. Il s’agissait de Toulouse, en 2009. Ce n’est pas encore effectif cette saison, mais les prestations des clubs tricolores n’incitent pas à l’optimisme à deux journées de la fin de la phase de poules. Pourquoi connaissent-ils de telles difficultés ? Explications avec Thomas Lombard, l’ancien trois-quarts international, aujourd’hui consultant pour Canal + et RMC.

Pourquoi les clubs anglais, irlandais ou même écossais semblent-ils un ton au-dessus ?
C’est lié aux équipes nationales. Les progrès au niveau international se répercutent dans les clubs. Il y a un entraînement, une émulation. Du sommet à la base, c’est le même rugby qui est pratiqué, un jeu axé sur la vitesse, celui prôné par World Rugby (NDLR : la Fédération internationale). Les Gallois ne sont pas tout à fait dans le même cas, car ils ont laissé partir des joueurs cadres à l’étranger.

Et qu’en est-il pour les clubs français ?
Le rugby qui gagne aujourd’hui, c’est celui qui allie le mouvement, la vitesse et les séquences longues. Les règles vont dans ce sens-là. Et donc les arbitres les suivent. La seule équipe en France qui joue comme ça et qui maîtrise ce jeu, c’est Clermont. Toulon, Montpellier ou le Racing misent davantage sur l’affrontement. C’est un peu le même problème que rencontrent nos internationaux quand ils passent de leur club au XV de France. Ils changent de rugby.

Mais Toulon a remporté trois titres sans pratiquer ce jeu…
Oui. D’ailleurs, Toulon a dominé l’Europe avec très peu de joueurs français, en broyant ses adversaires. Ce système peut fonctionner, mais il faut être vraiment au top physiquement car il est très exigeant. Aller taper sans cesse dans les autres, ça fatigue. Les Varois, victimes d’un phénomène d’usure, n’y arrivent plus et tentent de se tourner vers autre chose. Le Racing ne parvient pas à retrouver son niveau d’engagement de la saison dernière et il souffre. Et Montpellier, avec son jeu frontal, est énormément pénalisé.

La situation peut-elle empirer ?
C’est possible. Le fossé risque de se creuser, car les clubs français sont aussi soumis à un autre problème : leur championnat. Le Top 14 est très dur physiquement. La fatigue générée est préjudiciable quand on passe à une compétition européenne, où le rythme est beaucoup plus soutenu.

Source: leparisien.fr