Après une semaine agitée en raison de soupçons de dopage pesant autour du club, le champion d’Europe n’a pas dérapé sur le terrain face à La Rochelle. Dans un climat semble-t-il apaisé.

Finalement, il ne l’a pas fait. ­Vendredi, Mourad Boudjellal avait menacé de dévoiler le numéro de téléphone d’Élisabeth Fleury, la journaliste de RTL qui a révélé cette semaine l’ouverture de deux enquêtes judiciaires autour du RC Toulon. Le président toulonnais a choisi l’ironie pour se défaire de cette promesse gênante, avec un message diffusé à la pause : « À Toulon, on n’est pas bêtes. Quand on a le numéro d’une fille, on ne le donne pas. »

Hier, à Mayol, il fallait avoir un œil sur le match, l’autre sur les écrans géants pour prendre le pouls de la colère de Boudjellal contre la radio nationale à l’origine de l’affaire qui a secoué son club toute la semaine. Les dédicaces ont été nombreuses, avec à chaque fois la même inscription : « Scoop RTL. La vérité vraie. » Puis « Tana Umaga portait une perruque » ou encore « Ce n’est pas Neil Amstrong mais Lance Armstrong qui a marché sur la lune », « Emmanuel Macron est de gauche ». Ou celui-ci, qui a remporté un franc succès dans les travées pourtant clairsemées de Mayol : « Jacques Delmas se fait appeler Rocco dans l’intimité ». Aussitôt, une partie du public toulonnais se mit à chanter « Rocco…, Rocco …» et l’entraîneur des avant toulonnais, en plein match, appréciait cette comparaison.

LAPORTE : « CEUX QUI DÉRANGENT, CE SONT CEUX QUI GAGNENT »

Le RCT a donc choisi de changer de ton. À la colère et aux menaces, il a préféré l’humour. « J’en ai vu quelques-uns, expliquait le centre Maxime Mermoz. Je me suis même surpris à sourire pendant le match. À un moment, je me croyais aux Grosses Têtes et j’attendais que Sim pose une question. ». Mais il a bien fallu penser un peu au match contre La Rochelle. Et c’est peut-être cette agitation en dehors du terrain qui explique l’entame de match complètement manquée de la part des champions d’Europe. Car, après dix-neuf minutes de jeu, La Rochelle menait 17-3. « C’est vrai qu’à ce moment-là, ça ne tournait pas bien », reconnaît l’entraîneur Bernard Laporte.

Les joueurs avaient-ils été perturbés par toute cette agitation autour du club ? Tous assuraient que non, qu’ils en avaient très peu parlé cette semaine. Sauf hier. En effet, pour la première fois avant le match, Bernard Laporte a évoqué cette affaire avec son groupe pour s’en servir comme d’un levier de motivation : « Je leur ai dit que la meilleure des réponses, elle était sur le terrain. Qu’il fallait qu’on parle de rugby, qu’on parle d’eux comme de bons joueurs de rugby, d’une bonne équipe. »

La bonne équipe est apparue après la demi-heure de jeu. Toulon s’est alors déchaîné avec trois essais en dix minutes (31e, 36e, 40e) qui ont fait basculer le match. Toulon venait de se remettre debout et pouvait retrouver sa marche avant, allant même jusqu’à arracher le bonus offensif. « La réplique, elle est là, savourait Laporte. Je ne sais pas sur qui on a voulu cracher. Peut-être moi. Je me suis posé la question. Hier soir (vendredi), j’étais au restaurant et j’ai entendu des gens qui parlaient de cette affaire et qui se demandaient ce qui se passait. C’est sale. Mais, sincèrement, je ne veux pas y croire. Ça fait mal à un club et à moi aussi. Maintenant, le jour où on ne se fera plus insulter, c’est qu’on perdra, qu’on sera nuls, alors là, on sera dans la merde. Moi, j’adore quand on nous crache dessus parce qu’on dérange. Et ceux qui dérangent, ce sont ceux qui gagnent. »

Source: lequipe.fr