TOULON A PRIS L’ASCENDANT

Depuis cinq ans, Auvergnats et Varois sont les têtes d’affiche du rugby français. Des cadors qui ne portent pas, l’un pour l’autre, une affection démesurée. Doux euphémisme. Sportivement, le choc est pourtant une réalité. Prévisible il y a trois mois, un Toulon-Clermont au mois de
novembre voit s’affronter le leader et son dauphin. La scène européenne confirme : Toulon est double-tenant du titre, Clermont demi-finaliste au moins depuis trois saisons. Une force de frappe qui impose le respect et fait saliver dès que les routes des deux écuries se croisent. Problème: si les Clermontois restent dominateurs sur les confrontations directes (7 victoires, 1 nul, 5 défaites), c’est le RCT qui a pris la bonne habitude de s’adjuger les titres, en fin de saison. À commencer par cette de finale de H Cup 2013, qui avait fait tant de mal aux Auvergnats. Loin d’un tel enjeu, la rencontre de samedi ne livrera pas d’enseignements définitifs. Mais entre les deux clubs, ennemis sportifs, la notion de symbolique peut peser lourd.

PARRA – TILLOUS-BORDE : SOUS LE SIGNE DU COQ

Morgan Parra est un inamovible. De l’équipe de France ou, en période creuse, de la liste de ses prétendants. Blessé à une épaule depuis le 11 octobre et une rencontre face à La Rochelle, le demi de mêlée clermontois n’a pas eu le loisir de se montrer alors que se profilait la tournée d’automne, à laquelle il ne semblait pas être convié.

Son retour sur les terrains est prévu pour samedi, à Nice où il devrait commencer la rencontre. Se tester, emmagasiner une heure et, si tout se passe bien, enchaîner sur une titularisation au Munster. Drôle de hasard : son retour aux affaires fera face à celui qui lui a pris sa place en Bleu : Tillous-Borde, rouage central des doubles champions d’Europe toulonnais et qui vient d’enchaîner trois titularisations consécutives avec le XV de France. Un duel entre deux profils diamétralement opposés : beaucoup plus fort physiquement, que ce soit de par sa densité physique ou sa capacité à mettre de la vitesse, et très juste techniquement, Tillous-Borde a parfois pêché tactiquement et sur ses interventions défensives. Deux secteurs qui sont justement les points forts du Clermontois, quand il pèche parfois par son manque de dynamisme et la justesse de ses transmissions. Pour toutes ces raisons, l’affrontement de samedi vaudra le coup d’oeil. En premier lieu, celui du sélectionneur.

TOULON, CROISSANCE ÉCLAIR

Dans la construction des effectifs pléthoriques, chacun sa méthode. Les Toulonnais ont ouvert très tôt la chasse à la super star étrangère. En
commençant par Anton Oliver, George Gregan et Victor Matfield pour arriver aujourd’hui à aligner à chaque match, quelques 800 sélections en moyenne sur le terrain. Le modèle est payant: double champion d’Europe et champion de France en titre, Toulon est aujourd’hui la référence du vieux continent. Quid de la hiérarchie mondiale? Une éventuelle rencontre face aux Waratahs, actuellement en pourparlers, lèverait les doutes. Côté clermontois, la croissance a été plus progressive. Construite autour du recrutement de quelques stars françaises (Parra, Bonnaire) ou des joueurs en quête de confirmation (Lopez), Clermont s’est surtout appuyé sur sa formation dominante pour construire son groupe. Une équipe qui cumule aujourd’hui les biens mais peine, pour l’instant, à franchir les dernières marches pour s’octroyer des titres.

LES CLERMONTOIS AU REPOS

C’est un grand classique des Toulon- Clermont: beaucoup de joueurs ont été placés au repos, en prévision de la fin d’année chargée. Plus spécialement côté clermontois, où plusieurs internationaux bénéficient d’une semaine de vacances (Chouly, Vahaamahina, Lopez, Fofana). Kayser, qui a profité de cette semaine en amont, était bien présent cette semaine à l’entraînement mais pourrait être exempté de déplacement. Sans ces éléments, les Clermontois opteront pour une gestion au cas par cas entre les joueurs à la relance (Parra, James) et ceux sur la lancée du leur bon début de saison (Nakaitaci, Rougerie, Lapandry, Domingo). Côté toulonnais, les internationaux français devraient majoritairement être de la fête (Ménini, Guirado, Tillous-Borde, Bastareaud et Mermoz) la perspective de la réception de Lyon, le 20 décembre, étant plus propice à délivrer des semaines de vacances. Et puis Bernard Laporte n’a pas trop le choix. Les blessures de Burden, et Giteau,

CLERMONT ATTENDU AU SOL

Les Clermontois l’ont payé cher. Comptablement, aux Saracens, puis nerveusement face à Sale, quand il leur a fallu s’employer, en fin de match, pour décrocher le bonus offensif. Depuis deux mois, les Auvergnats se trouvent en difficulté pour mettre leur jeu en place dès qu’ils sont attaqués dans le jeu au sol. Le remède ? Il est à base de plan de circulation des joueurs sur le terrain, pour coller au porteur du ballon et lui assurer un soutien immédiat. Un domaine dans lequel les Auvergnats ont récemment failli. La guérison est surtout urgente. Au Munster, où ils se déplacent dans une semaine, contester les ballons au sol est un sport national. Ce déplacement à Toulon sera un test grandeur nature, tant il est improbable d’espérer rivaliser avec le RCT si on laisse sévir, au sol, les terreurs jumelles, Mathieu Bastareaud et Steffon Armitage. « Le RCT concentre beaucoup d’énergie dans son jeu au sol. C’est la référence européenne dans l’exercice. Nous sommes prévenus et en alerte sur le sujet. Ces choses sont ciblées » confirme Franck Azéma. Préoccupation majeure lors des entraînements de la semaine dernière, le jeu au sol doit désormais apporter des certitudes à l’ASMCA. Ou il risque de mettre en danger, à court terme, la campagne européenne.

Source: Midi Olympique