Toulon label Saint André ( Source Sports.fr )

Toulon label Saint André ( Source Sports.fr )

20 février 2010 - 10:27

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saint-andre_train_maxppp « Philippe m’a convaincu…« . Mourad Boudjellal s’est incliné. Le président du RC Toulon avait rêvé du Gallois Shane Williams, son entraîneur-manageur, Philippe Saint-André lui a imposé Paul Sackey, ailier international anglais de trois ans le cadet de Williams. Un transfert qui à lui seul illustre la passation de pouvoirs au sein du club varois depuis l’arrivée du Goret sur la Rade en début de saison. A l’époque, Boudjellal, marqué par une première saison dans l’élite aux allures de calvaire au terme de laquelle le RCT s’est sauvé in extremis d’une nouvelle relégation, cherche un homme de confiance, une pointure capable de lui apporter son expertise, un « cerveau« , comme il l’appelle alors, pour enfin faire les bons choix à l’aulne de la saison qui s’annonce…

Ce cerveau, ce sera lui du « Goret », un Philippe Saint-André, qui débarque à Toulon fort de ses pérégrinations à Bourgoin, Gloucester et à Sale, où il a déjà mis la Premiership à ses pieds. Passant de la grisaille du nord de l’Angleterre à l’incandescence du contexte toulonnais, l’ancien capitaine du XV de France accepte un défi aussi alléchant que périlleux dans l’une des places fortes du rugby hexagonal. Avec pour atout n°1 dans sa manche une liberté de décision et d’action quasi-totale, lui qui a endossé la charge de président-délégué « chargé notamment du recrutement et des structures sportives« , expose alors son nouveau président, qui a la lucidité d’admettre ses limites dans le secteur sportif et de se recentrer sur le « développement économique du club, où j’ai plus ma place« . Dix mois après avoir dit oui à Boudjellal le sanguin, Saint-André est en passe de gagner son pari.

Saint-André: « Si Mayol fait à nouveau peur…« 

A la passion parfois déraisonnable, qui anime le RCT, Saint-André répond par son pragmatisme à l’anglaise, détaché des fantasmes dans lesquels le microcosme local a tendance à se complaire et concentré sur la refonte d’un club, qui se doit de répondre enfin aux exigences du haut niveau. Sa marge de manoeuvre, il l’a met à profit pour rebâtir presque totalement un effectif, où en rompant avec la quête de stars, il tourne le dos à l’étranger pour recruter français et mettre sur pied un pack enfin digne de ce nom. Seule entorse faite à cette logique moins clinquante, il consent à l’arrivée de Jonny Wilkinson, dont il a pu mesurer en Angleterre le talent et le poids que l’ouvreur peut avoir sur le jeu de son équipe. Une restructuration qu’il engage sur le terrain comme en dehors, où il obtient un outil flambant neuf avec une salle de musculation dernier cri.

Aujourd’hui, Saint-André, conscient dès son arrivée de l’ampleur du chantier, touche à peine les fruits de ce travail de longue haleine. On a bouleversé l’effectif en début de saison, cela réclame du temps… Avec la bagatelle de dix essais inscrits lors des deux dernières sorties face à Montpellier, en championnat (31-19), et face à Castres, en Challenge européen (42-10), la trêve pourrait avoir tuer dans l’oeuf le déclic attendu par une équipe solide sur ses bases, mais jusqu’alors en panne d’efficacité. Le président-délégué sait aussi la valeur de cette pause avant le sprint final qui s’engage samedi, à Ernest-Wallon, dans l’antre du grand Toulouse. « C’est bon aussi de pouvoir souffler, certains joueurs étaient sur le pont depuis juin dernier, ça a permis de soigner les blessés et on s’est retrouvé avec beaucoup d’envie et de bonne humeur. »

C’est loin de Mayol que ce RCT, actuel sixième du Top 14, à sept journées du terme de la saison régulière, et donc qualifié en l’état pour les barrages des phases finales, reprend le fil de sa trajectoire ascendante. Mayol, dont Saint-André avait fait dès son intronisation l’un des socles de son projet en décrétant la nécessité pour Toulon d’y redevenir invincible. Preuve que s’il sait se détacher de la folie locale, le technicien sait aussi y puiser le meilleur. « Il faut aussi savoir tenir compte du contexte culturel et Mayol en fait évidemment partie. Si on peut faire renaître dans l’esprit de nos adversaires cette peur de venir jouer à Toulon, on ne s’en privera pas… »

Symbole de ce Top 14

En attendant, Saint-André aimerait que sa formation prenne de la bouteille loin de son antre en déplacement. « On prend trois essais à Biarritz et à Perpignan, cinq à Clermont, on a souffert chez les cadors de ce championnat. Ce serait bien au moins de résister un peu plus à Toulouse… » Un Stade qui, même privé de sept de ses internationaux (Poux, Servat, Dusautoir, Michalak, Jauzion, Clerc et Poitrenaud), inspire encore à l’ancien ailier le plus profond respect.

Même si lui ne doit se passer « que » de son ouvreur et buteur vedette, Jonny Wilkinson, retenu avec le XV de la Rose. Saint-André mesure la qualité de l’opposition et relativise le débat autour de ce « faux doublon », qui pénaliserait les plus grosses écuries. « C’est un problème sans fin, les décideurs doivent se saisir de la question« , lâche-t-il pour mieux dresser un état des lieux prometteur d’un rugby français selon lui au top. « On voit une grande équipe de France en ce début de Tournoi, le Top 14 est hyper relevé et on n’a jamais eu autant de clubs français en quarts de finale de la Coupe d’Europe… » Un paysage dans lequel Saint-André et sa méthode ne dépareillent pas.

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  1. Nico 20 février 2010 at 12h

    Très bel article!

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