Mourad Boudjellal n’a pas eu le temps de souffler. Le président de Toulon, sortait d’une saison ratée au terme de laquelle il a vu son « très cher » RCT incapable de terminer parmi les six premiers du Top 14 pour accéder à la phase finale et à la Coupe d’Europe : « Du coup pour cette nouvelle saison, j’ai fait deux budgets. Un avec Coupe d’Europe, l’autre sans Coupe d’Europe. » Il aimerait tellement laisser le second au fond d’un tiroir car il ne supporterait pas un parcours aussi décevant : « Ne pas jouer les demi-finales du Top 14 à Marseille, ça a été pour moi l’humiliation suprême. » Alors il est vite passé à l’offensive au niveau des transferts. Et comme souvent il a fait dans le haut de gamme avec des cadors du rugby mondial comme l’Australien Matt Giteau (28 ans, 92 sélections) ou le redoutable deuxième ligne sud-africain Bakkies Botha (31 ans, 72 sélections), mais aussi le demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde (26 ans, 8 sélections), venu de Castres, l’ailier ou arrière de Brive Alexis Palisson (23 ans, 16 sélections) et le centre parisien Mathieu Bastareaud (22 ans, 9 sélections). Tout était donc en place.

Et puis patatra ! Lundi dernier, à cinq jours de l’ouverture du championnat contre Biarritz, voilà que son entraîneur en chef, Philippe Saint-André est propulsé à la tête du Quinze de France après la Coupe du monde à la place Marc Lièvremont. Du coup, le RCT se trouve dans une sorte d’urgence, à la recherche d’un remplaçant à son patron du secteur sportif. « Je suis dans l’inconnu la plus totale, reconnaît Boudjellal. Je ne sais pas du tout où on va. On part à l’aveugle. »

Pourtant le RCT avait repris l’entraînement, tôt, dès le 13 juin : « Cette fois on n’aura pas l’excuse de la saison dernière, reconnaît le talonneur Sébastien Bruno. Après notre élimination en demi-finale on n’avait pas eu trop de temps pour se préparer. » Les deux défaites à Mayol contre Bayonne (22-26) et le Racing-Métro (31-36) avaient plombé d’entrée la saison. Pas question de renouveler le même départ, même avec sept joueurs retenus pour disputer la Coupe du monde (Palisson, Wilkinson, Fernandez-Lobbe, Lamont, Botha, Kubriashvili, Lovobalavu). Voilà le contexte avant de démarrer une saison pas comme les autres.

Saint-André, futur ex entraîneur, s’efforce de rester concentré sur le rendez-vous face à Biarritz: « Le public toulonnais mérite un bon début de saison. » Et après ? Il faudra reconstruire avec quelqu’un d’autre. Olivier Azam, arrivé à l’intersaison pour entraîner les avants, découvre son métier en mode accéléré mais assure: « Pour moi ça ne change rien. Mon rôle reste le même. Bien sûr au niveau de l’affectif ça fait quelque chose mais ce sont les aléas du métier. Quoi qu’il en soit, au sein de l’effectif, j’ai senti des joueurs qui avaient beaucoup d’envie et qui voulaient se racheter. » C’est déjà ça.

Source l’équipe.fr