Ce mardi, un journaliste du Times a analysé la chute sportive du Rugby Club Toulonnais depuis quelques années désormais.

L’auteur de cet article est Monsieur Owen Slot, l’un des correspondants rugby du Times.

Ce-dernier a remporté trois fois le titre de journaliste sportif de l’année au Royaume-Uni et de chroniqueur sportif de l’année.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Owen Slot n’a pas été tendre avec le XV de la Rade. Ce-dernier dit quelques vérités, mais laisse malheureusement entendre que le RCT a gagné ses titres Européens grâce à son chéquier.

Il analyse les grosses difficultés rencontrées par Toulon et tente de les expliquer. Selon lui, Toulon se trompe de modèle et file droit dans le mur.

A lire ci-dessous:

« S’il est nécessaire de prouver que l’argent seul n’achète pas le succès, on peut prendre l’exemple du Rugby Club Toulonnais où Mourad Boudjellal, le propriétaire de Toulon l’apprend actuellement. Il apporte à son club les joueurs les plus précieux du monde et ceux-ci perdent leur talent.

Lorsque les galactiques de Toulon ont perdu contre Montpellier ce week-end, le RCT alignait une équipe raisonnablement brillante avec un total de 276 sélections dans la composition de départ. Julian Savea et Malakai Fekitoa étaient sur le banc des remplaçants. Et pourtant, Toulon a enregistré sa cinquième défaite en sept matches. Ils se situent à la 12ème place du Top 14, déjà à 16 points des leaders.

Julian Savea, la dernière acquisition du RCT est le deuxième meilleur marqueur d’essais des All-Blacks. Mais à Toulon, il n’a toujours pas marqué d’essai. Son début d’aventure à Toulon a été davantage connu pour la sortie médiatique de sa femme sur Twitter qui a fait quelques observations sur la nouvelle équipe de son mari.

Pour réagir et sortir de la crise, Toulon essaie d’acheter encore toujours plus de joueurs. L’achat de joueurs en milieu de saison est un signe de désespoir, sauf lorsqu’ils font venir un joueur suite à des blessures. Toulon ne cherche pas un joueur, mais cinq ! La prochaine réaction du club sera de changer d’entraîneur. Regardez, ça va arriver. Boudjellal a vu défiler cinq entraîneurs en deux saisons. A Toulon, les dépenses l’emportent sur la stabilité.

A la veille de la nouvelle campagne Européenne, Mourad Boudjellal pense qu’après avoir réussi à remporter trois titres Européens avec son carnet de chèques, il allait encore pouvoir en acheter à l’avenir.

Il y a trois ans, il avait décidé d’acheter cinq galactiques: Ma’a Nonu, Quade Cooper, Duane Vermeulen, Samu Manoa et James O’Connor. Nous avions alors grincé des dents. Mais en trois ans, Toulon n’a jamais dépassé les quarts de finales de la Coupe d’Europe.

Boudjellal n’a semble-t-il pas encore répondu à la réponse suivante: « Si mon argent m’a permis d’acheter l’âge d’or, pourquoi ne le serait-ce pas encore maintenant ? »

Je pense que la réponse réside dans des leçons qui sont aussi vraies dans le rugby que dans la vie. Ce n’était pas nécessairement le coût des personnes, mais c’était leur valeur. Et c’est une période de stabilité qui permet à un environnement d’évoluer et de gagner.

A l’époque, un groupe de joueurs a rejoint le club Toulonnais en même temps et ils ne se contentaient pas d’encaisser leur paie à la fin du mois. Nous parlons principalement de Jonny Wilkinson, Carl Hayman, Joe Van Niekerk, Bakkies Botha ou encore Juan Martin Fernandez Lobbe.

Il s’agissait de joueurs qui s’étaient révélés comme les meilleurs du monde. Soudainement, ils se sont retrouvés coéquipiers dans cet environnement extraordinaire. Ils se sentaient obligés de faire leurs preuves, les uns avec les autres. Les grands joueurs aiment jouer avec d’autres grands joueurs. Ainsi, au sein de ce groupe, chacun voulait prouver qu’il pouvait appartenir à cet environnement d’élite. D’autres joueurs ont suivi et une culture s’est développée. Cela a contribué à la stabilité de la gestion.

Bernard Laporte, l’entraîneur principal a supervisé tout cela pendant cinq ans et a compris qu’il était presque préférable de laisser les joueurs s’entraîner seuls.

Chris Ashton et Dave Attwood ont adoré jouer avec Toulon la saison dernière. Ils ont aimé le bruit et la folie du Stade Mayol. Ils ont tous les deux progressé. Mais ils sont tous les deux partis et cela a été pareil avec les galactiques de 2015.

Il en va de même pour Tom Whitford, l’ancien universitaire de Cambridge et de Richmond qui a joué à Toulon pendant six ans et qui est resté au club pendant onze ans de plus en tant que team manager.

Lorsqu’un club devient une plaque tournante du recrutement et que des joueurs de toutes nationalités vont et viennent, il est alors compliqué d’établir un nouveau noyau comme celui de la génération de Jonny Wilkinson. Tom Whitford l’a reconnu et a tenté de fournir une forme de colle pour permettre aux joueurs et aux familles de s’installer et de créer des liens.

Il était tellement essentiel que Montpellier lui a demandé de faire la même chose pour eux, et il a donc quitté Toulon.

Si Toulon veut retrouver ses années de gloire, il lui faut comprendre son passé. Sinon, ça ne sera que par pure chance qu’il réussira à réunir en même temps le même groupe de superstars. Et il est peu probable que cela se produise de nouveau. Boudjellal a été le premier a recruter des stars. Désormais, beaucoup d’autres présidents jouent au même jeu et avec beaucoup plus d’argent.

Lorsque Mourad Boudjellal payait les meilleurs salaires du rugby Européen et que Toulon gagnait tout, il était connu comme un « personnage ». Maintenant, il est trop souvent reconnu comme une personne irrespectueuse. Depuis deux ans, il parle de la vente du club et cela ne fait que créer une incertitude supplémentaire.

La Coupe d’Europe sera un nouveau test pour Toulon et recevoir Newcastle à domicile ne peut pas être un mauvais départ. Cependant, le modèle actuel est voué à l’échec. Le rugby a évolué. Le nouveau Toulon a besoin de gagner sa réussite, il ne peut plus l’acheter. »