Formé à Toulon, Yann Delaigue a connu ses plus belles heures sous la tunique rouge et noire de Toulouse. À trois jours du choc entre les deux équipes, il raconte ses années toulonnaises.

L’un joue pour le moment le maintien, pendant que l’autre caracole en tête du classement. Pourtant, ce Stade Toulousain-Toulon reste la plus belle affiche du championnat de France. Yann Delaigue, Toulonnais de naissance, a passé sept saisons au bord de la Garonne. Avant la rencontre de dimanche soir, l’ancien demi de mêlée joue au jeu des comparaisons.

Un Toulouse-Toulon, c’est avant tout un choc de valeurs non ?

Les deux clubs possèdent une identité très forte. Je suis arrivé au RCT à l’âge de quinze ans. On nous a formés sur la base du combat, de l’agressivité. Même si on ne gagnait pas, il fallait rentrer dans les mecs. C’était à la limite de l’irrégularité. à Toulouse, c’est complètement différent. Les maîtres-mots étaient le jeu, l’anticipation, l’imagination. Le Stade avait de l’avance.

On a l’impression que l’équipe de Toulon ressemble à ses supporters…

C’est exactement cela. Dans le sud-est, les supporters sont très fleurs de peau et ils ont une bouche énorme ! Les supporters du RCT sont là quand ça gagne, mais dès que le club a de mauvais résultats, on ne les voit plus. Par contre ils ont beaucoup de cœur et de fortes valeurs identitaires.

Quelle est la différence entre le supporter toulousain et le toulonnais ?

Sans aucun doute, les Toulousains sont de plus grands connaisseurs, mais les Toulonnais ont plus de cœur. à Toulouse, c’est le seul stade où les spectateurs peuvent applaudir une belle action adverse.

Vous êtes plutôt Ernest Wallon ou Stade Mayol ?

Le stade Mayol, c’est là où j’ai fait mes débuts. L’ambiance est tellement folle. L’enceinte est fermée, on sent la passion des gens. Quand on gagne ça pousse, par contre dès que l’on perd, ils crient après nous.

Quel entraîneur vous a le plus marqué ?

Forcément Guy Noves. Il m’a apporté le sens du haut niveau, de la rigueur. Avec mes partenaires et lui, on avait une réflexion dans le jeu. En plus on était passionné, je crois que ça se perd. On pouvait parler des heures après le match. Ces échanges-là nous faisaient évoluer. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’il y a moins de communication. Guy avait cette qualité de nous laisser ce leadership, il n’a jamais rien imposé, il s’appuyait sur les cadres du vestiaire.

Qu’est ce qui ne va pas à Toulouse cette année ?

Je crois qu’ils ont trop de blessés. Une fois qu’ils vont revenir, ça ira mieux. Après peut-être qu’ils ont fait des erreurs dans le recrutement, je ne sais pas.

Un pronostic ?

C’est dur, dans ces matchs, je supporte toujours l’équipe qui joue à domicile, donc je dis Toulouse. Mais en étant rationnel, je me demande dans quel secteur ils peuvent battre Toulon.

Source: ladepeche.fr