Eric De Cromières: « Je ne souhaite pas la démission de Bernard Laporte »

Eric De Cromières: « Je ne souhaite pas la démission de Bernard Laporte »

1 septembre 2017 - 17:25

6 Commentaires

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Interrogé en conférence de presse ce vendredi, le président de Clermont, Eric De Cromières est longuement revenu sur l’affaire qui secoue le rugby Français au sujet du président de la Fédération Bernard Laporte et le président de Montpellier Mohed Altrad.

Ainsi, le patron de l’ASM l’affirme: il ne souhaite pas la démission de Bernard Laporte. En revanche, il souhaite que ce genre d’affaires cessent immédiatement.

Voici son entretien à lire ci-dessous:

Le rugby français est actuellement secoué par l’affaire de favoritisme supposée de la Fédération envers Montpellier et son président Mohed Altrad. Un climat qui doit vous déplaire, non ?
« Malheureusement, les affaires actuelles pèsent sur l’image du rugby. J’entends parler de crise du rugby mais je ne suis pas d’accord. Cela ne va pas transparaître lors du match de dimanche par exemple. Par contre, il y a une crise dans les institutions du rugby. Je pense qu’il ne faut pas tout mélanger. Il y a deux personnes qui se sont mises dans une situation délicate. L’ensemble des présidents s’en doutaient un petit peu. On savait que cela pouvait aller jusque-là puisqu’on avait fait un certain nombre de remarques à Mohed Altrad lorsqu’il s’était rapproché du maillot de l’équipe de France. On avait dit : « Aie, aie, aie, ça va faire des histoires qui peuvent se terminer plus ou moins bien. » Maintenant, on va voir si c’est plutôt plus ou si c’est plutôt moins. En tous les cas, c’est très dommageable car, quelque part, c’était déjà écrit il y a six mois. »

Comment avez-vous accueilli l’annonce de l’ouverture d’une enquête de la part du ministère des Sports ?
« C’est très bien que le ministère prenne son rôle de tuteur de la Fédération au sérieux. Pour moi, c’est un gage de traitement sérieux de cette affaire. »

« Je ne souhaite pas la démission de Bernard Laporte »

Si les faits sont avérés, que préconisez-vous ?
« Même si ce n’est pas mon sujet, personnellement, je ne souhaite pas la démission de Bernard Laporte. Je pense qu’il a apporté au rugby un élan et un bain de jouvence dont nous avions besoin. Evidemment, cela n’autorise pas à faire n’importe quoi. Mais pour moi, le sujet le plus grave c’est d’être sûr que nous pouvons jouer dans un championnat où il n’y a pas de suspicions de favoritisme ou de consignes données aux uns et aux autres. C’est la crainte que nous avions déjà et c’est la crainte que nous avons encore plus aujourd’hui. Je considère donc que la sanction minimale, c’est l’interdiction absolue de toute relation financière entre la Fédération et le groupe Altrad. C’est le minimum. »

Cette affaire va-t-elle plomber selon vous la candidature de la France à l’organisation de la Coupe du monde 2023 ?
« Il fallait y réfléchir avant ! On avait dit que le président Macron viendrait soutenir cette candidature à Londres le 25 septembre. Visiblement, il n’y va plus. Vous l’interprétez comme vous voulez. Je pense que si vous interrogez les patrons des fédérations irlandaise ou sud-africaine (également candidates, Ndlr), je pense qu’ils doivent plutôt se frotter les mains… »

Cette semaine, la levée de boucliers simultanée de plusieurs présidents de clubs a pu donner l’impression d’une orchestration…
« (Il coupe) Pas du tout. Comme je vous l’ai dit, on avait déjà évoqué le sujet entre nous, il y a six mois, en assemblée générale. On a dit à Mohed (Altrad) que c’était limite. Après, ça sort, ça sort. Tous les présidents ont le même souci, même si on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde. D’ailleurs, certains souhaitent peut-être la démission de Bernard Laporte. Par contre, on veut tous un championnat où on n’ait pas à se dire à chaque fois : « Peut-être qu’il y a un arrangement derrière, peut-être que cet arbitre a été nommé pour telle ou telle raison, que cet essai a été refusé pour telle ou telle raison, … » Voilà ce qu’on ne veut pas. Là dessus, on est unanimes. »

« On ne fait pas n’importe quoi pour avoir un titre »

Faut-il de nouvelles règles pour éviter le mélange des genres dans les instances ?
« C’est surtout une question de bon sens. On ne peut pas vivre avec un tissu de règles façon code du travail qui font qu’on ne peut plus bouger. La réalité du terrain, ce sont les comportements humains, ce sont des gens qui doivent se comporter en personnages raisonnables, conscients de leur responsabilités. Je ne sais pas si je devrais le dire mais il y a un vieil adage qui dit : « Plus le singe monte à l’arbre, plus il montre son cul. » Autrement dit, plus vous prenez de responsabilités, plus vous vous devez d’être impeccables. »

Cette affaire de favoritisme intervient après d’autres faits divers récents ayant impliqué des joueurs. Le rugby va mal selon vous ? Les « valeurs » ont disparu ?
« Je ne connais pas le dessous de toutes les affaires mais je ne pense qu’il y ait une explosion générale ans le rugby en particulier. C’est plus au niveau de la société en général. Partout, dans tous les milieux, dans la masse, il y a des gens plus ou moins honnêtes. Je voudrais d’ailleurs revenir sur les déclarations de M. Laporte et le fait que Mohed Altrad a donné 60 millions. On a l’impression que cela en fait presque un saint homme. Autant M. Kampf était un vrai mécène pour la Fédération, autant Altrad ne l’est pas selon moi. On dit que l’argent n’a pas d’odeur, ce n’est pas vrai. Donner de l’argent sans rien attendre en retour, ça c’est chouette, ça c’est du mécénat. Mais donner de l’argent avec un échange, ce n’est plus tout à fait la même histoire. Quant aux fameuse « valeurs du rugby », ce qui est drôle c’est que la dernière fois que l’on a passé une journée sur cette thématique à la Ligue, c’est M. Altrad qui pilotait l’exposé… »

Jusque-là l’ASM n’a pas été touchée directement par une de ces affaires extra-sportives. C’est un hasard ?
« Ce n’est pas un hasard du tout. C’est parce qu’ici, on se préoccupe d’entretenir un environnement qui soit le plus sain possible. Je ne pense pas que tous les joueurs soient des saints, moi non plus d’ailleurs, mais on essaie de faire en sorte que le climat, la manière de travailler, tout soit sain. On ne fait pas n’importe quoi pour avoir un titre. »

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6 Commentaires

  1. Doc83 1 septembre 2017 à 17h- Répondre

    MDR !!!!
    Vraiment,j’adore la dernière phrase

  2. Valmax2017 1 septembre 2017 à 18h- Répondre

    il ne le souhaite pas mais peut être il y pense très fort ?

  3. Didier de Sète 1 septembre 2017 à 19h- Répondre

    Ahh ce cher Kampf (paix à son âme) Il me semble qu’il financer la FFR en même temps que le Biarritz Olympique de Blanco!! A part Grenoble je ne l’ai pas vu « arroser » un autre club pro…il n’y avait pas conflit d’interet ? Kampf etait actionnaire de ces 2 clubs et non « mécène », ensuite pour la FFR il demandait en retour d’etre « au milieu » des joueurs de l’edf….. un plaisir comme un autre , certains ont un pavillon de chasse , lui s’était suivre l’EDF de rugby dans le monde entier…souvent à ses frais pour les « extras »!! Mais c’était Saint Kampf!!

  4. alainc 1 septembre 2017 à 21h- Répondre

    J’ai bien aimé son argumentation et sa prise de position. C’est réconfortant de prendre l’avis de quelqu’un qui ne tire pas sur l’ambulance pour le plaisir de flinguer, il réfléchit et parle… ce qui est rare dans ce milieu.

    • dagobert71 1 septembre 2017 à 21h- Répondre

      A part 2 points quand même . Le 1er c’est sur Macron qui ne viendrait plus à Londres en septembre . Il a un RDV à NY qui est tombé en juillet dans son agenda . Donc avant l’affaire . et 2eme point ,  » on ne fait pas n’importe quoi pour un titre  » dit-il ??? il y a quand même l’affaire Cudmore en finale de Hcup contre le RCT . Ce dernier dit qu’il était en protocole commotion mais comme Vahaminaa n’était pas bien , le staff l’a fait rentrer contre le principe de santé alors prendre ce risque pourquoi ?? Je pense que c’est parce qu’il y avait un titre à aller chercher .

  5. jj83 2 septembre 2017 à 07h- Répondre

    Bien sûr , il n’y avait encore jamais eu de suspicion dans le rugby Français , Poite était là par hasard pour la finale , Kampf était un vrai mécène , Altrad non . Il y a toujours des choses qu’on a envie de voir , d’autres qu’on regarde mais qu’on ne veut pas voir . C’est beau de donner l’exemple .