L’ancien Toulonnais Daniel Herrero était l’invité des Tontons Flankers, jeudi dernier sur Eurosport.

Ce-dernier a donné son sentiment au sujet de la situation sportive inquiétante du XV de France depuis de longues années désormais.

Discours régalant à lire ci-dessous:

« Il semble que la carence que l’on ressent maintenant depuis assez longtemps et dans les temps récents encore plus, c’est autour de l’appétit, de l’enthousiasme, de la joie, de la créativité, de l’appétence relationnelle. Toutes les choses qui vont vers un état moral collectif plutôt enclenché vers le bonheur. Ce que nous constatons, c’est plutôt l’étriqué, le pauvre, le sobre, l’inquiétude, l’angoisse, des fois même la panique. La première des choses que j’ai envie de leur dire c’est: comment peut-on envisager de se présenter quand on porte le maillot du XV de France avec une attitude qui semble avoir dans vos yeux toute la misère du monde ? Comment peut-on envisager cela ? Comment peut-on envisager, avec le talent que vous avez et qui est attesté et reconnu, comment on peut vous voir évoluer à des niveaux si loin de ce que vous pouvez représenter en générosité, en enthousiasme et en appétence. Comment avez-vous pu laisser depuis des lustres, non pas le sens du panache qui est un mot trop fort, mais le goût de la transcendance au frigo ? On est souffrant de votre carence morale plus que de votre carence technique. On ne joue pas très bien au rugby. Mais quand même… lorsque nous rencontrons des adversaires dans les temps récents, ils sont toujours plus pétillants que nous, ça devient impensable ! »

Est-ce que le XV de France est véritablement loin du niveau des top nations ? Voici son avis. Extrait:

« Si on dit que l’on est loin des autres nations, cela voudrait dire que notre potentiel technique n’est pas au niveau des autres équipes nationales. Si on regarde la qualité du jeu produit lors des deux dernières années, on est toujours un peu derrière. Quasiment toutes les équipes ont fait preuve de plus de valeurs morales et plus d’appétit que nous. C’est quelque chose de très pénible. Et en qualité de rugby produit, elles sont toutes un peu meilleures. Après, il faut savoir pourquoi. Sans doute car de puis quatre ou cinq ans elles sont toutes constantes. Nous, on est toujours un peu à la bourre. On est un peu resté enfermé dans les schémas traditionnels des années 2005 / 2010 qui est le défi dominant, la concentration de la défense adverse par l’assaut physique et le jeu dans le petit périmètre. Ce jeu de rudesse et de défi nous a un peu fossilisé, il nous a étriqué et il ne nous a pas donné la gloire. En même temps, il a généré l’angoisse de la performance. On a laissé filer le mouvement. Soit parce que nous avons des joueurs qui n’ont pas le talent, soit c’est parce que nous n’avons pas appris à le faire car on est dans la crainte et dans l’angoisse. Moi je pense que c’est cette deuxième hypothèse qui domine. Franchement, on observe les hommes qui jouent contre nous et les trois-quarts Irlandais qui sont remarquables ! Aucun ne nous apparaît radicalement supérieur. On fossilise encore le centre gaillard et robuste autour du prototype Bastareaud. On le fossilise ! Si tu fais jouer Dupont, Ntamack, Fickou et Penaud, tu as la sensation que tu peux avoir le potentiel offensif assez grand. »