Jonny Wilkinson sur le Campus RCT : « Peut-être que ce Campus moderne n’aurait pas collé avec notre génération »

Jonny Wilkinson sur le Campus RCT : « Peut-être que ce Campus moderne n’aurait pas collé avec notre génération »

Le jeudi 20 avril 2023 à 0:05 par David Demri

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Présent à Toulon pour assister à la soirée de Gala du Hall Of Fame du Rugby Club Toulonnais organisée mardi soir au Zénith de Toulon, l’ancien ouvreur Varois Jonny Wilkinson a accordé un entretien exclusif au journal régional Var-matin.

Ce-dernier a évoqué les nouvelles installations sportives du Rugby Club Toulonnais.

Il les qualifie d’incroyables. Extrait:

« C’est incroyable, non? On en parlait tout à l’heure avec les mecs (Botha, Hayman, Tillous-Borde, Van Niekerk, Habana, etc.) et on se disait que c’était dingue. Mais on répétait surtout que le centre d’entraînement que nous avions eu à l’époque était mieux adapté à notre équipe (sourire). Et peut-être que ce Campus moderne n’aurait pas collé avec notre génération… Même si une fois que j’ai dit cela, bien sûr qu’une partie de moi a vraiment envie d’y aller, juste pour taper le ballon et profiter de ces installations (sourire). Bon, je dois dire que j’ai un peu mis les pieds sur le terrain ce matin (pour distiller quelques conseils à l’effectif actuel), mais je ne me suis pas entraîné. Pour moi, ici, ça aurait été mieux qu’un terrain de jeu pour enfants (rires). »

Il explique dans la foulée à quel point les joueurs étaient connectés entre eux lors de son passage à Toulon. Extrait:

« Ce que j’ai appris à Toulon, au contact de grands joueurs, c’est que le lien, la connexion que nous avions au sein du groupe n’avait rien à voir avec les trophées. Les titres, c’était magnifique, évidemment, mais la connexion entre nous était liée au fait que nous étions prêts à nous ouvrir dans les moments difficiles. Voilà, à Toulon, je me suis ouvert. À un moment donné, j’avais ce besoin de chercher des réponses dans mon intérieur. Et j’ai compris que c’était pareil pour les joueurs qui m’entouraient. Alors je crois que c’est à ce moment qu’on s’est vraiment « rencontrés ».

J’étais en train de lancer le processus avant d’arriver, après avoir connu pas mal de blessures. Et j’ai pu le faire grâce à la rencontre de joueurs un peu plus âgés que moi, qui étaient prêts à accepter l’autre pour ce qu’il était, et non pas uniquement pour les valeurs de ce que l’on voulait montrer ou prouver sur le terrain… Nous, on se disait: « Il faut que chacun soit comme il est », et c’est ce qui m’a marqué dans ce club. »

Désormais, il travaille beaucoup sur le mental des joueurs. Extrait:

« Dans mes passions, il y a bien sûr le rugby, mais encore davantage le travail autour de la santé mentale, des émotions. C’est pour ça que j’aime travailler avec les joueurs. Car il y a la passion du rugby, mais encore davantage cette volonté d’être connecté avec les gens. J’ai passé toute ma vie en remerciant les supporters, en donnant une image, car je voulais être connecté avec tout le monde. Mais j’ai appris après ma carrière que ce n’était pas possible d’être connecté à tout le monde. Quand tu es sur le terrain, tu cours après les trophées, les récompenses, et tu crois que ça va être le secret. Sauf que c’est magnifique pendant quinze jours, et après tu bascules sur le prochain objectif. Et quand tu arrives dans l’après-rugby, et qu’il n’y a plus de trophées, il faut chercher vers l’intérieur. Et je rencontre les gens qui ont vécu des choses précises… Je ne suis pas uniquement ici pour dire « merci, au revoir », mais pour discuter, échanger sur qui est important ou non. »

Il détaille ses journées types, maintenant qu’il est retraité sportif. Extrait:

« Je me lève, je passe du temps avec ma famille et je me pose la question suivante: « Comment puis-je réellement profiter de chaque moment de ma vie? » C’est ce qui m’anime au quotidien. Et la solution que j’ai découverte aujourd’hui, c’est que la réponse ne venait pas du paraître, de ce qu’on peut montrer. Il n’y a pas une situation où je me dis: « Je me sens bien. » Les solutions viennent de l’intérieur. Alors la déception, la joie, le challenge, la fête, c’est quelque chose que j’exprime bien plus à l’intérieur de moi qu’à l’extérieur. La santé, on pourrait croire que c’est la forme physique, se dire: « Ah, il va bien, il est en bonne santé. » Mais ce n’est pas ça. Le succès dans la vie, ce n’est pas le nombre de trophées, mais de savoir si j’ai bien vécu. Est-ce que j’ai mené une vie qui valait la peine d’être vécue? Voilà ma vie aujourd’hui, et évidemment que ce sont les coups de pied, les entraînements, le sport et tout le reste qui m’ont permis de comprendre cela. C’est ce que je cherchais pendant ma carrière. »

Il précise avoir réellement lâché prise il y a seulement trois ans. Extrait:

« Après ma carrière, il a fallu que je continue à suivre ma passion. Car le problème, c’est que pendant toutes ces années, je gardais cette passion, sauf que le désir de tout contrôler la consumait. Et la passion disparaissait, sauf que je ne trouvais pas les réponses… Je me disais que c’était probablement parce que le rugby était dur, mais c’était faux, c’était seulement que je voulais tout contrôler. Sauf qu’à la fin de ma carrière, j’ai pu cesser de tout contrôler, et me demander ce que représentait encore ma passion du rugby dans mon for intérieur… Et d’ailleurs, il y a trois, quatre ans, quand j’avais fini par lâcher prise, je me suis dit que j’étais à même de reprendre le rugby, même si j’avais 39 ans. Je me disais: « Oui, c’est peut-être possible. »

Rechausser les crampons ? Non, car ça aurait été un pas en arrière pour moi. Mais je me sentais plus libre, plus prêt physiquement, dans une vraie belle forme, sans pression et avec seulement la sensation de prendre du plaisir à faire des passes, à faire de la technique individuelle. Et aujourd’hui, je sais que ma passion est derrière moi. Mais c’est vrai qu’après la carrière, c’est difficile d’arrêter. Finalement, le plus dur, c’est d’enlever le maillot. Car on continue de vivre avec le numéro 10 sur le dos, sauf que tu ne joues plus au rugby. Alors tu as l’impression que tu ne peux pas t’engager dans le moment que tu es en train de vivre, car il n’y a pas de match, alors que toi, tu as encore le maillot… »

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