Bernard, le bilan des Bleus à l’issue de cette tournée semble catastrophique…
Aujourd’hui, c’est vrai, l’équipe de France connait des difficultés. Mais je pense sincèrement qu’il n’y a pas le feu au lac. On n’a pas fait une bonne année internationale mais on n’est pas non plus largués. C’est vrai que ce n’est pas le niveau que devrait avoir le XV de France, mais prenons un peu de temps pour analyser.

Depuis 2003, les résultats de l’équipe de France sont en baisse quasi constante…
Entre 2003 et 2007, j’y étais : on a gagné 3 tournois des VI Nations sur 4. On était les meilleurs d’Europe et le système était le même. Parlons un peu des joueurs ! Il faudrait, parce que c’est l’équipe de France, qu’elle soit toujours performante. Mais certaines générations sont peut-être meilleures que d’autres. Le staff technique n’est pas sur le terrain !

Les Blacks passent plus de temps ensemble que ne le font les Bleus. Cela peut-il expliquer les difficultés du XV de France ?
Ne prenons pas de faux prétextes. Les All Blacks ne s’étaient pas réunis depuis 8 mois. Quand on dit qu’il faut mettre à disposition les Internationaux, c’est pour se préparer en fonction des exigences. Ce n’est pas parce qu’on passe plusieurs mois ensemble qu’on joue bien. La preuve à la dernière coupe du monde : les Bleus ont passé trois mois ensemble, mais ce n’est pas pour ça que le contenu du jeu était bon…

Qui est responsable de cette déroute en Nouvelle-Zélande ?
Je crois qu’il faut prendre du recul avant d’incriminer qui que ce soit. Mais posons-nous la véritable question : celle de notre formation. On est tous conscients que nos jeunes ne jouent pas assez. On a des jeunes qui n’atteignent pas les demi-finales du championnat des moins de 20 ans alors qu’il se joue en France et cela fait quelques années qu’on ne parvient pas à être compétitifs à ce niveau-là.

Quelles sont les solutions ?
J’aimerais que le Directeur technique national Jean Claude Skrela travaille avec Philippe Saint-André pour trouver les solutions sportives ensemble. D’autant que la direction technique nationale a son mot à dire sur la formation puisque c’est elle qui gère ça. Quand Paul Goze, le président de la Ligue nationale de rugby, dit vouloir que les jeunes jouent plus, il n’a pas tort mais on ne peut pas l’imposer.

Certains proposent une prime aux clubs qui alignent le plus de jeunes joueurs français en Top 14…
Une prime ? Et s’ils ne se qualifient pas et que les supporters ne viennent plus au stade, ce n’est plus une prime qu’il va falloir envoyer, mais des mallettes entières ! Il ne faut pas tout mélanger. Si on doit donner des primes, qu’on les donne aux Internationaux pour le mettre à disposition de l’équipe de France. C’est là qu’il faut mettre de l’argent.

Pierre Camou, le président de la Fédération française de rugby, a refusé de s’exprimer sur le XV de France. Les cadres du rugby fuient-ils leurs responsabilités ?
Je crois surtout qu’il sait rester à sa place. Quand l’équipe de France a fait le Grand Chelem en 2010, il n’a pas fanfaronné. Ce n’est pas un microphage, c’est quelqu’un qui travaille. Il doit gérer d’autres choses comme les stades, le rugby amateur, la formation… Qu’un président ne donne pas son avis sur le sportif, ça me plait. Il ne va pas dire si la tournée est bonne ou pas parce que ce n’est pas son domaine. Il est président de fédération et doit gérer 1700 clubs. C’est ça son domaine.

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