L’histoire d’amour entre le Rugby Club Toulonnais et la Coupe d’Europe
L’histoire d’amour entre le Rugby Club Toulonnais et la Coupe d’Europe
Le lundi 6 avril 2015 à 17:52 par David Demri
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C’est drôle comme on n’échappe jamais à son histoire. Et étrange comme celle de Toulon, depuis des siècles, liée à l’Angleterre… Ce n’est pas le géant Faron qui, du haut de ses 584 mètres de calcaire, nous démentira, inexpugnable témoin des relations troubles entretenues par la cité varoise avec l’Old Enemy. Au vrai, de la bataille du cap Sicié au sabordage de la flotte près de deux siècles plus tard, du siège de la ville sous la Terreur à la bataille des îles d’Hyères, Toulon ne s’est jamais défait de son passé tumultueux avec l’Angleterre. Et le rugby n’a pas échappé à la règle, de son introduction sur les docks de la rade par des marins anglais, jusqu’au triomphe de Cardiff face aux Saracens l’an dernier. D’où cette savoureuse galerie de héros et de vilains qui ont fait la petite et la grande histoire, de Napoléon à Boudjellal, de Laborde à Laporte, du vice-amiral Trogoff à la tête à claques Owen Farrell…
LA PROPHÉTIE DE JONNY
Ce préambule pourquoi ? Pour rappeler cette ironie de l’histoire qui veut que, rugbystiquement parlant, c’est à un Anglais que Toulon doit d’avoir battu avec leurs propres armes les représentants de la Couronne ces dernières saisons. Un homme dont, pour tout dire, la succession constituait l’enjeu majeur de la réception d’autre Anglais, les London Wasps. « Avec Toulon, nous avons entamé l’écriture d’une série qui nous a emmenés jusqu’à la neuvième saison, métaphorisait dans la semaine Mourad Boudjellal. Là, on ne connaît pas encore l’assassin. Après deux années heureuses, nous allons désormais savoir si le RCT a été champion d’Europe et de France uniquement grâce à la signature de Wilkinson qui a porté toute l’équipe, ou si nous avons gagné grâce à tous les gars. »
Des propos en forme de provocation pour ses joueurs, qui n’ont pas manqué de heurter ces derniers dans leur susceptibilité. « Si on n’est pas capables d’assumer la vie sans Jonny Wilkinson, ce serait critique, maugréait le trois-quarts centre Mathieu Bastareaud au détour d’un entraînement. On oublie un peu vite qu’il y avait quatorze joueurs autour de lui… » Des propos en face desquels il s’agissait dimanche de mettre en place des actes, face à une nouvelle menace venue d’Angleterre. Une menace aux faux-airs de guêpier, dont le RCT s’est extirpé de la meilleure des façons, celle que Jonny Wilkinson nous avait confié, lors de la reprise du RCT au mois d’août, avoir imaginée en fin de saison dernière. « L’équipe et moi-même voulions tellement terminer de la manière la plus parfaite que je n’imagine même pas quelle aurait été la pression si j’avais dû botter l’an dernier un coup de pied de la gagne, en finale de l’une ou l’autre des compétitions. Et le meilleur moyen pour éviter cela, c’était de faire le nécessaire pendant les 79 premières minutes. »
LE PACTE DES VIEUX
Entendez par là que, plutôt que de s’en remettre à un homme providentiel – et cela même si les 22 points de Frédéric Michalak ont grandement contribué au succès -le RCT a de nouveau trouvé des solutions en équipe. Par sa défense bien sûr, mais surtout un système de jeu assez huilé, malgré les imperfections, pour passer outre les forfaits de joueurs de la trempe de Leigh Halfpenny ou Juanne Smith, sans oublier le placement sur le banc de Matt Giteau, pas encore tout à fait remis de ses soucis aux adducteurs. « Pour moi, l’action symbolique de ce match réside dans cette pénalité de la 77e, nous glissait après la rencontre le numéro 8 Chris Maose. Auparavant, Jonny l’aurait peut-être bottée. Mais nous l’avons tapée en touche, et marqué un essai bien construit, à plusieurs temps de jeu. » Un essai symboliquement inscrit en coin par Ali Williams, après un relais décisif de Masoe et un décalage de Matt Giteau. De quoi souligner les valeurs d’un groupe de « vieux » bien décidé à clore son aventure en terre varoise sur la meilleure des notes. « En fin de partie, après le deuxième essai des Wasps, beaucoup de joueurs étaient très fatigués, nous confiait le capitaine varois Carl Hayman. Mais nous ne nous sommes pas écroulés, et avons remis la main sur le ballon pour aller chercher la victoire, avec les tripes. Il nous reste quoi ? Dix matchs ensemble, au plus… Quand on a joué au plus haut niveau pendant quinze ans, dix matchs, ce n’est rien. On peut faire des efforts… »
Une aventure qui, en cas de victoire à… Marseille devant le Leinster, pourrait ainsi s’achever en apothéose à Twickenham le 2 mai prochain. Comme si Toulon, définitivement, ne pouvait se dédouaner de son histoire d’amour vache avec l’Angleterre. London calling ? Plus que jamais… « Comme Londres est un des seuls déplacements que l’on peut effectuer sans risquer de prendre l’avion, ce serait bête de ne pas en profiter, souriait Mourad Boudjellal dans la semaine. Et puis, si on parvient à passer le Leinster, il se dessinera forcément une revanche en finale, contre Clermont ou les Saracens. » Vous parlez d’un clash…
Source: Midi Olympique
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