Après une saison réussie à Northampton, Louis Picamoles s’est engagé pour trois ans avec le MHR. Pour RMC Sport, le troisième ligne a expliqué ce transfert, notamment guidé par la « nouvelle prise de conscience du rugby français ».

Louis Picamoles, comment expliquez-vous votre transfert malgré une greffe anglaise réussie ?

Beaucoup de choses ont été dites ces derniers temps et, par choix, je ne me suis pas exprimé avant que tout cela soit officiel. C’est vrai que ça peut être surprenant. J’ai vécu une année très riche et assez forte à titre personnel, mais beaucoup de raisons différentes m’ont fait prendre cette décision. Des choix personnels, aussi sportifs, avec certains changements qui sont en train de s’effectuer dans le rugby français. Il y avait aussi une volonté de la Fédération de me voir revenir dans le Top 14.

J’ai envie de faire partie des nouvelles démarches qui sont en route dans le rugby français et d’être un acteur au cœur de ça. Et ça passait forcément par un retour en Top 14. L’opportunité s’est présentée avec Montpellier. Ça reste le club où j’ai découvert ce sport, qui m’a permis de découvrir le très haut niveau. Donc c’est un retour aux sources. Les choses se sont faites un peu naturellement par rapport à tout ça.

Y a-t-il énormément d’argent à la clé ?

La réponse est non. Ça n’a jamais dicté mes choix, comme ça a toujours été le cas dans ma carrière. C’est un aspect auquel, forcément, je prête attention parce qu’aujourd’hui on est dans un rugby professionnel. Bien sûr, il y a une très belle offre de Montpellier. J’avais un très beau contrat aussi à Northampton mais, comme je l’ai dit juste avant, il y a aussi des raisons personnelles et sportives qui expliquent cette décision pour moi.

Est-ce un facteur important de revenir à l’endroit où vous avez éclos ?

Je suis 100% montpelliérain dans ma formation. Donc oui, je n’ai jamais caché mon attachement à ce club. J’ai toute ma famille à Montpellier, j’y ai tous mes amis, donc c’est quelque chose qui compte énormément. Bien sûr que c’est quelque chose qui a joué dans ma décision, bien que tout ait été fait en Angleterre pour que je m’y sente bien, par le club, par mes coéquipiers. Il y avait aussi cette envie de retrouver les gens qui me sont proches, les gens que j’aime et qui sont proches de ma famille.

Ça me semblait important pour toutes ces raisons aussi de prendre cette décision parce que, comme j’ai souvent dit, la carrière est courte. Elle est faite d’opportunités et cette opportunité s’est offerte à moi peut-être plus tôt que j’aurais pu l’imaginer. Mais j’ai aussi pris le temps de me poser les bonnes questions. J’ai beaucoup échangé avec mon club de Northampton, qui a été très compréhensif et très à l’écoute de mes sentiments et de mes choix. Et ça, ça a aussi été très important dans ma prise de décision et dans les questions que je pouvais me poser.

Comme vous n’allez pas au terme de votre contrat, Northampton fait une belle opération financière…

Oui, je sais qu’il y a eu un échange entre les deux clubs et les deux présidents et qu’ils se sont mis d’accord après moi… (le transfert serait d’un million d’euros, ndlr)

Vous ne connaissez pas le montant du transfert, c’est ça ?

Non, je n’ai pas voulu rentrer dans les détails parce que moi, ma partie, c’est le terrain et m’exprimer sur le terrain. Moi, j’ai juste tenu à donner mes raisons à mon club de Northampton et discuter de celles pour lesquelles il y avait cette envie de rentrer en France. Ils les ont comprises. Ils ont compris ce qui me poussait un petit peu à rentrer et ils ont été très compréhensifs là-dessus. Après, je ne suis pas dupe et je sais très bien qu’il y a eu des négociations et qu’il y a eu un transfert d’effectué. Maintenant, je préfère ne pas savoir et j’ai une totale confiance dans les deux clubs. D’ailleurs, si c’est fait aujourd’hui, c’est qu’ils ont été au bout de leur démarche les uns et les autres. Et donc, si tout le monde tire quelque chose de positif de tout ça, c’est moi qui en suis le plus heureux.

Le retour en France, avec les avancées sur la mise à disposition des internationaux, est-ce finalement le facteur déterminant ?

Bien entendu. Ça fait partie des choix forts de mon envie de rentrer, cette nouvelle prise de conscience du rugby français, de certaines choses qu’il fallait faire pour rendre l’équipe de France la plus performante possible. Et par rapport à tout ça, c’est un peu cette nouvelle mise à disposition des internationaux, avec beaucoup plus de temps pour se préparer, qui me fait penser qu’on va vers quelque chose de très positif pour l’équipe de France. Mais aussi pour les joueurs à titre personnel et donc forcément pour les clubs.

Je me suis longtemps exprimé là-dessus et battu aussi pour avoir ce genre de choses. Et aujourd’hui, voir que tout le rugby français prend conscience de ces choses-là, ça donne forcément envie de les vivre de l’intérieur et ça a beaucoup joué dans ma décision. Avoir envie de faire partie de ça, de voir le rugby français évoluer en étant au cœur de ça, c’était quelque chose d’hyper important pour moi, sachant que ma dernière grosse échéance, à moyen terme, est la Coupe du monde 2019. Pouvoir me mettre dans les meilleures dispositions, mettre les meilleures chances de mon côté pour participer à cet événement et y participer dans les meilleures conditions possibles, était quelque chose de déterminant pour moi.

La Coupe du monde sera au Japon en 2019. Vous avez donc signé un contrat de deux saisons ?

Je pars sur un contrat de trois saisons avec Montpellier.

Source: rmcsport.com