Dans les colonnes de L’équipe, le puissant trois-quarts centre Toulonnais Mathieu Bastareaud est revenu sur la victoire en H-Cup, contre les Saracens.

Il évoque la joie des joueurs mais aussi la volonté de gagner le Brennus. Il revient aussi sur sa tentative de drop totalement ratée. Extrait:

A la fin du match, sur la pelouse, vous avez fait le signe « deux » avec vos doigts…

« On réussit le doublé en Coupe d’Europe… Ça a été un match super intense avec beaucoup d’engagement physique et on a réussi à dominer les Saracens. A nous de bien préparer ce match contre Castres. L’Europe, c’est fait, c’est super, mais on est déjà allés au Stade de France et deux fois on a pleuré. On a envie d’enfin concrétiser notre travail. Même si ça nous souri et qu’on a fait un bon parcours en Europe, on a été chahutés en Top 14, ça n’a pas été facile. »

Il a une valeur particulière pour les Toulonnais, ce Brennus ?

« Pour moi, c’est un rêve de gosse ! Je me souviens m’être déplacé au Stade de France, avoir regardé des finales à la télé. Et ça fait 22 ans que le Brennus n’est pas redescendu. On aura l’occasion de le faire. »

Est-ce que ça veut dire que vous vous interdisez de fêter le titre Européen ?

« Il faut savourer quand même. On n’est pas champions d’Europe tous les jours ! Mais on est professionnels. Dès lundi on se reconcentrera sur Castres. Et là, on aura une position d’outsider, parce que ce sont eux les champions de France. Ils nous ont fait mal la saison dernière, on saura où trouver un surplus de motivation. »

Pour revenir à cette victoire contre les Saracens, comment expliquez-vous votre mauvais début de match ?

« Il y a eu beaucoup de problème de communication sur les annonces, on s’est précipités. C’était très brouillon, on voulait tout faire trop vite, trop bien. Mais on reste dans le match, on marque l’essai de Matt qui nous fait du bien. »

D’où sort-il cet essai ? Une combinaison ? 

« Matt se met sur la droite, demande le ballon, Sébastien Tillous-Borde ne l’entend pas mais Jonny sent le coup et lui donne. Et Matt.. .C’est l’inspiration ! Et moi, j’ai tenté un drop ! (rires)

Qu’est ce qui vous a pris sur cette action ?

« Je voyais qu’on tapait sur un mur, les avants commençaient à fatiguer, on n’était pas organisés derrière pour relancer… il faut prendre ses responsabilités ! Malheureusement, l’accomplissement technique n’était pas au top ! En 2011, en finale de challenge, j’en avais passé un. C’est pour ça, j’ai retenté ! Bon, je pense que je vais arrêter là, j’ai pris un coup au moral, je me suis vu un peu trop beau. Mes coéquipiers m’ont chambré, mais je leur ai dit: « La prochaine fois, vous n’avez qu’à le faire ! »

Maintenant, c’est récupération et cryothérapie ?

« Oh, c’est pas mon truc ! Moins 150°C… Tu vois Rasta Rocket ? Ben c’est pareil (rires). Mais il faut le faire. On y reste trois minutes, les plus longues de ta vie. C’est horrible ! Mais bon le mec, il note, si j’y vais pas je suis grillé ! (rires).

Jonny Wilkinson a reçu une énorme ovation du Millennium Stadium. Ça vous étonne ?

« C’est Jonny ! Je ne vais pas vous répéter son CV, mais partout où il ira, ce sera comme ça. Il inspire le respect. C’est une vraie bonne personne. Pouvoir lui offrir une deuxième Coupe d’Europe, c’est génial. Et dans 15 ans, je pourrai me dire que j’ai gagné des titres avec des mecs comme Jonny, Matt, Bakkies, que je regardais à la télé il y a 10 ans ! Mais il ne faut pas s’arrêter là, on a tous faim de ce Brennus. »