L’ancien président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal s’est longuement confié lors d’un entretien vidéo accordé à Sport Med TV.

Lors de cet entretien, Mourad Boudjellal a évoqué divers sujets comme sa nouvelle activité au sein du club de football de Hyères.

Il est également revenu sur ses années de présidence au Rugby Club Toulonnais.

Il indique notamment combien il était obnubilé par les victoires lorsqu’il était à la tête du RCT. Extrait:

« Les histoires fortes que tu vis, tu les vis après car sur le moment tu ne profites de rien. Il y a énormément de matches où il y avait les tribunes remplies de Toulonnais pour les phases finales, et au lieu de profiter de l’ambiance, je me demandais s’ils n’allaient pas être déçus à la fin du match. J’étais dans un espèce de train et la seule question était de savoir si on allait gagner ou perdre. J’étais obnubilé par ce genre de choses : comment gagner, comment tenir le budget… Tu ne profites pas au final. C’est comme celui qui va monter sa boîte. A un moment donné, il se voit assis dans son fauteuil en ayant réussi. Mais ce moment n’existe jamais car le temps ne s’arrête jamais. Cela ne fait qu’avancer. Les images à l’arrêt, ça n’existe pas. »

Il affirme avoir connu seulement 50 secondes de bonheur absolu au RCT : lors du doublé effectué contre le Castres Olympique. Extrait:

« Je suis venu chercher 50 secondes de bonheur au RCT. C’était lors du doublé contre Castres. On menait de huit points et il restait 50 secondes avant la fin du match. Je savais qu’il était alors impossible pour Castres de marquer deux fois en 50 secondes. Je savais qu’on allait faire le doublé Coupe d’Europe – Championnat. Là, le match tu t’en fous ! Ce qui t’importe, c’est d’aller voir les tiens, les supporters. Les 50 secondes, elles sont à toi car tu sais d’où tu viens et tu sais que ce que tu es en train de faire, c’était impensable et impossible. Donc le RCT, ça a été 50 secondes de véritable bonheur et sur 15 ans ça ne fait pas beaucoup, mais elles étaient intenses ! »

Il avoue être extrêmement fier de ce doublé et d’avoir pu faire descendre 70 000 personnes dans les rues de Toulon. Extrait:

« La chose dont je suis le plus fier, c’est d’être un jour revenu dans ma ville avec 70 000 personnes dans la rue et de pouvoir dire 22 ans après : voici le Brennus et la Coupe d’Europe au passage. Quand tu mets ta ville dans la rue tu te sens soulagé. Tu t’es donné une mission importante et le fait de l’avoir réussie, ça te soulage. Maintenant, même si je me plante derrière, j’ai fait ce que j’avais à faire. Quand j’étais en haut à la mairie, je me suis rappelé quand j’étais justement en bas de la mairie en 87 et en 92 lors des deux derniers Brennus du RCT. J’ai vu comment ça faisait d’en haut (rire). »

Dans la foulée, l’ancien patron du RCT explique pourquoi il a pris la décision de ne pas prendre la vie au sérieux. Extrait:

« J’ai fait le choix de ne jamais grandir, je suis resté un gamin et je resterais un gamin toute ma vie. C’est un choix. Je peux prendre des choses au sérieux, mais j’ai du mal à prendre la vie au sérieux car on est sous l’illusion du temps et je connais la fatalité des choses. Quand tu connais la fatalité des choses et que tu n’es pas croyant en grand chose… J’ai beaucoup de mal à me dire que quand on connaît la fin, à savoir le silence à tout jamais et l’inconscience à tout jamais, comment prendre ces moments où tu as la conscience au sérieux ? Cela me semble hallucinant ! Il y a pleins de choses dans la vie de tous les jours que l’on prend au sérieux alors que c’est totalement anecdotique ! Donnez moi quelque chose qui sera importante quand tu seras mort depuis deux millions d’années. Il n’y en aura pas beaucoup ! Donc je ne prends pas la vie au sérieux car je connais la finalité. On joue un rôle tant qu’on a la conscience de la vie, car on est tous des acteurs dans notre vie. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal explique que s’il devait changer une chose dans son parcours au RCT, ce serait la vente du club.

En effet, il regrette énormément d’avoir vendu le Rugby Club Toulonnais à Bernard Lemaître. Il compare d’ailleurs le nouveau patron du RCT à une vautour qui ne cesse de le critiquer.

Il ne manque pas de recadrer violemment Bernard Lemaître. Extrait:

« Si je pouvais changer quelque chose dans les décisions que j’ai prises, je changerais beaucoup de choses. Mais déjà, je n’aurais pas vendu le RCT à la personne à qui j’ai vendu. J’aurais été plus égoïste et j’aurais gardé l’appât financier. Je regrette énormément car j’ai vendu le club à une espèce de vautour, qui à part dire du mal de moi, ne fait rien et vit sur les actifs que j’ai mis en place. J’ai créé un tas d’actifs, il vit dessus en les niant. Et ça m’a un peu énervé car je trouve que l’on doit avoir le respect du passé et il ne l’a pas. Donc je regrette d’avoir refusé une proposition qui m’aurait mis financièrement beaucoup plus dans le confort, pour un type qui a manipulé des choses uniquement car il avait une crise narcissique en voyant le podium que représentait le RCT. C’est un podium qu’il ne mérite pas car il en a hérité et qu’il n’a pas créé. Car quand je suis arrivé, il n’y avait pas de podium. Le podium je l’ai créé. Ce n’est pas parce que l’on rachète une boite qu’on rachète les compétences et le savoir-faire. Aujourd’hui, il se retrouve sur ce podium dans un concours de circonstances. »