La vie d’un sportif de haut niveau n’a rien d’un long fleuve tranquille. Tout simplement parce que celleci,
pendant quelques années, est rythmée par de vertigineuses montées d’adrénaline suivies d’épisodes d’intenses souffrances, d’immenses joies et de terribles déceptions. Mardi matin, trois Toulonnais ont encore fait la douloureuse expérience de cet ascenceur émotionnel infernal : Maxime Mermoz (28 ans, 30 sélections), Romain Taofifenua (24 ans, 8 capes), et Alexandre Menini (31 ans, 6 sélections), qui ne figurent pas sur la liste des 36 joueurs appelés à participer à la première phase de préparation au Mondial. Hier champions d’Europe (à l’exception de Maxime Mermoz, privé de finale en raison d’une blessure au poignet), les voilà aujourd’hui privés de XV de France. Le pire, c’est qu’on ne peut pas dire que les trois Varois avaient disparu des écrans, puisque leurs dernières prestations en Bleu ne remontaient qu’au dernier Tournoi. Mermoz avait même été titularisé à deux reprises, Taofifenua avait disputé les cinq matchs. Menini, quant à lui, avait été titularisé pour la première journée face à l’Écosse avant de jeter l’éponge en raison d’une blessure au pied.

Cette situation, leur entraîneur Pierre Mignoni l’a connue : sélectionné pour les tests de novembre 2002, il n’avait finalement pas été retenu par Bernard Laporte pour le Mondial 2003 en Australie, victime de la concurrence de Dimitri Yachvili et de la présence du capitaine (Fabien Galthié) à son poste : « C’est une situation difficile à vivre, en effet. Dans ces cas-là, il faut vite basculer sur un autre objectif. Les joueurs ont besoin d’être aidés, d’être accompagnés et c’est que nous allons faire ». D’ailleurs, le technicien a déjà pris les devants : « Je leur en ai parlé… J’ai senti leur déception. Je leur ai dit que ce n’était pas la fin du monde, qu’ils devaient se remobiliser et se recentrer sur l’objectif du club. » Le club, justement, où il ne sont pas non plus à l’abri d’une concurrence féroce qui les place à la croisée du XV type et de l’équipe réserve, chargée d’assurer quand les stars de l’effectif sont au repos.

UN POINT IMPORTANT RAMENÉ DE CLERMONT

Un rôle que les trois hommes en colère n’ont jamais rechigné à remplir, comme en attestent leurs prestations lors de matchs où Toulon a envoyé un effectif remanié, comme les déplacements à La Rochelle, où Taofifenua a gagné sa place en finale européenne, ou à Clermont, où Mermoz a signé un retour concluant à la compétition après sa blessure au poignet. C’est une évidence : s’il veut aller au bout, le RCT aura besoin de toutes ses forces vives : « C’est là que l’on voit toute la difficulté de ce championnat », observe Pierre Mignoni, « Nous avons perdu quelques matchs, laissé quelques points en route et à la fin, il nous manque des points ». Au vu de son effectif cinq étoiles, il aurait été difficile d’imaginer qu’à une journée de la fin, le double champion d’Europe de l’époque (aujourd’hui triple !) n’était pas assuré de se qualifier directement pour les phases finales de Top 14. Mais pourtant, c’est bien la réalité : le RCT et a égalité de points avec Clermont, et ne compte qu’une longueur d’avance sur le Stade français. Alors certes, le RCT reçoit l’USO qui a procédé à quatorze changements par rapport à sa dernière sortie.

Mais les Varois ont eu raison de ramener un point de bonus défensif de leur voyage en Auvergne : « Ce point nous a fait du bien sur le plan comptable, mais surtout dans nos coeurs. C’est un point qui récompense le groupe. Nous l’avons accueilli comme une petite victoire » a souligné Mignoni. Mais ne soyons pas dupes : le RCT n’est pas le genre d’équipe à se contenter d’une défaite bonifiée.

Source: Midi Olympique