Totalement dévasté, Ronan O’Gara tient un discours extrêmement émouvant : « C’est de pire en pire, jour après jour ! »
Totalement dévasté, Ronan O’Gara tient un discours extrêmement émouvant : « C’est de pire en pire, jour après jour ! »
Le vendredi 19 avril 2024 à 0:44 par David Demri
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Ce jeudi, le manager du Stade Rochelais, Ronan O’Gara s’est présenté en conférence de presse pour évoquer le match à venir contre le Castres Olympique, programmé ce samedi à l’occasion de la 21ème journée du Top 14.
Ce-dernier a clairement expliqué – via Midi Olympique – ne pas avoir digéré la lourde défaite concédée contre le Leinster en quart de finale de la Champions Cup, samedi dernier à l’Aviva Stadium.
Selon lui, plus les jours passent, pires sont les ressentis et la déception. Extrait:
C’est beaucoup plus difficile aujourd’hui. Je suis toujours en train de digérer mais ça devient de pire en pire, jour après jour. Je suis porté par mes adjoints, je suis complètement pris par la défaite. Ou plutôt la manière. Ça rentre dans la catégorie « honteuse ». Je suis très perturbé… C’était une journée noire pour le club et pour moi. Je dois en assumer la responsabilité. Quand on joue comme ça, on est obligés de se poser les bonnes questions.
Il explique ressentir encore plus de déception après avoir vu le quart de finale de Champions League du Paris Saint-Germain contre Barcelone. Extrait:
J’ai fait une énorme faute en regardant deux quarts de finale, en foot… En regardant l’état d’esprit d’une équipe française (le Paris Saint-Germain en ¼ de finale de Ligue des Champions, NDLR) qui s’est battue contre Barcelone. Hier soir, j’ai vu un grand manager : Ancelotti (entraîneur du Real Madrid, qualifié contre Manchester City). Quand je compare ce qu’il a fait et ce match à l’extérieur à ce que nous avons fait… Je suis dans le dur.
En même temps, c’est un peu mon histoire depuis 25 ans. J’ai dit aux joueurs : « vous avez le bon entraîneur pour parler de résilience. » Quand tu tombes, tu es obligé de remonter. Ce n’était pas nous samedi. Mais peut-être que c’était nous, en fait ? C’est ça, la question…
Il explique pourquoi il était beaucoup moins affecté par l’élimination de son équipe samedi soir, à l’issue de la défaite des siens. Extrait:
Parce que j’étais capable de gérer mes émotions en direct. Je suis obligé de le faire avec mon passif en termes de discipline, ici (sourire). Mais, même en direct… regardez les opportunités ratées, ce n’est pas possible à ce niveau. Oui, certains joueurs ne sont pas en confiance, mais de là à penser que le retour de leaders allait tout régler… On n’a pas changé, c’est un peu l’histoire de cette saison. C’est à moi dans les prochains jours ou semaines de montrer si l’on peut faire quelque chose cette saison.
Il revient ensuite sur la défaite en elle-même. Extrait:
Non, l’état d’esprit est la plus grande arme de ce club. Mais l’état d’esprit, ça marche s’il y a un travail sans ballon, une capacité à analyser les espaces et communiquer quand tu cours, une volonté d’avoir le ballon, une volonté de prendre des décisions et ses responsabilités… La « rush défense » du Leinster est une grande arme mais on ne les a pas testés. Qu’est-ce qu’on a fait ? On a basculé le ballon large-large une seule fois en 80 minutes… Mais ce n’est pas les joueurs, c’est moi. Ils jouent selon ma vision des choses. Donc c’est ma faute et ça me pèse lourdement. Je dois me regarder dans le miroir et revenir plus fort.
Selon lui, le jeu pratiqué par son équipe était trop lisible contre le Leinster. Il refuse cependant de pointer du doigt certains de ses joueurs. Extrait:
Avant d’être lisible, tu as besoin de prendre une décision. C’est quoi notre jeu ? Qui a pris une décision ? Vous savez que j’adore mes joueurs, je ne vais pas cibler un joueur mais qui a pris une décision ? [Il se cache un œil] Bien sûr qu’on est trop lisibles si l’on joue comme ça ! Et en ce moment, on joue comme ça… [Il se cache les deux yeux]. Je le dis avec beaucoup de respect pour mes joueurs. Ils ont changé ma vie d’entraîneur. J’espère que j’ai changé leurs vies de joueurs. Mais « stop », maintenant !
Il demande à ses joueurs de retomber sur terre et leur rappelle qu’ils ne sont plus champions d’Europe. Extrait:
Quand tu regardes les matchs face au Stade Français et Clermont, c’était impressionnant. Mais contre Bayonne, Oyonnax, Perpignan et les 40 premières minutes au Stormers… Maintenant – et c’est très bien –, on n’est pas double champion d’Europe, c’est terminé. On est un club qui n’a jamais gagné le Bouclier. Peut-être que ça va être hyper facile de se concentrer mais j’ai besoin d’un match pour confirmer notre volonté de faire quelque chose. On n’a aucune idée de notre niveau, c’est la vérité…
Selon lui, ses joueurs n’ont pas respecté le maillot contre le Leinster. Extrait:
Je peux accepter sans problème la défaite mais pas le manque de précision des décideurs entrés en jeu. A 23-13, je ne suis pas malade, le match était à notre portée. En marquant les prochains, le Leinster aurait douté, c’est certain. Les grands joueurs et les leaders ne peuvent pas rater cette opportunité et donner le match deux minutes après le retour des vestiaires, ce n’est pas possible. On n’a pas respecté le maillot. Peut-être que je suis seul parmi mille autres à penser ça mais c’est mon avis, je ne vais pas changer, c’est comme ça que j’ai réussi par le passé. J’ai besoin d’être hyper motivé pour l’avenir. Il y a certains standards quand tu es dans ce club, le staff a travaillé dur pour créer ça.
Il n’arrive pas à comprendre que ses joueurs aient pu tout gâcher de la sorte. Extrait:
On n’a pas le droit de parler du passé ici mais on oublie vite le passé (sourire) et ce que cette équipe a réalisé. Dans ce contexte, comment ne pas regoûter aux émotions partagées sur le Vieux Port ? On était à trois matchs de changer à jamais l’histoire du Stade rochelais. Ça doit être important, tu ne peux pas gâcher comme ça ! Une défaite, oui, mais pas comme ça… 40-13, pfff… Bon, le Leinster a fait la même à Toulouse l’année dernière et Toulouse a gagné le Bouclier. Donc je vais peut-être être inspiré par Toulouse.
Il ne le cache pas : sa dépression est profonde. Extrait:
Je suis dans un autre monde, cette semaine. Je suis franc, je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe autour de moi. J’ai un bon staff qui m’aide à passer à autre chose. Mais si tu passes trop vite à autre chose, tu es un menteur. Il y a des leçons hyper importantes à en tirer. Peut-être que la dépression est plus profonde avec l’âge et les années (rires) mais c’est comme ça…
Mais je suis fasciné par la mentalité dans le sport. Et la mentalité de gagner. J’ai imaginé cent résultats quand j’ai fait un footing samedi matin à Dublin mais je n’ai jamais pensé à un 40 à 13 ! Peut-être mes attentes sont-elles trop hautes ? Quand tu te fais éliminer comme ça en étant double champion d’Europe, tu perds beaucoup de respect, on est d’accord ? Je n’ai pas pris une claque mais cinq claques derrière la tête. Tu ne peux pas récupérer tout de suite après une claque comme ça. 40-13… ce n’est pas nous.
Il se tourne désormais sur ce match à venir contre Castres. Extrait:
La bascule est hyper simple : soit tu joues avec vitesse et précision, soit non. Si tu fais la même chose et attends un résultat différent, c’est la définition de la folie ! Je ne suis pas fou, je suis un compétiteur. Beaucoup de choses vont s’améliorer si l’on court plus, si l’on a l’appétit de travailler plus sans le ballon. Certains joueurs ne sont pas en confiance, c’est à nous de retrouver leurs points forts. Pour cela, ils ont besoin d’être capables de jouer vite avec un ballon.
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